Les enseignements de l'affaire Dieudonné
Quels sont les enseignements que l'on peut tirer de l'affaire Dieudonné?
1. Avant tout la révélation de l'existence dans la France profonde d'un antisémitisme populaire très étendu et on ne peut que constater à ce propos que les journalistes nous refont le coup de 2001 en affirmant, avant tout examen, que ce public n'est pas antisémite.
2. Ce qui se manifeste comme une révélation stupéfiante n'en est pas une. Pendant des années ce courant s'est élargi en silence dans l'aveuglément théorisé des médias et l'indifférence totale de la justice et de l'Etat. C'était la conséquence de la complaisance générale en faveur du bluff qui veut que l'antisionisme n'est pas le nouveau nom de l'antisémitisme.
3. Ces mêmes journalistes et publicistes qui se scandalisent aujourd'hui ont été ceux qui ont contribué à installer l'ambiance qui a rendu possible Dieudonné par le biais d'une information dévoyée sur les affaires du Moyen Orient. Et il faut y inclure les télévisions d'Etat comme nous l'avons maintes fois démontré.
4. Après 14 ans d'analyses, de démonstrations et de preuves que nous avons adressées à la société et qui sont restées sans accusé réception, il a fallu que ce soit un clown, c'est à dire une figure du spectacle qui révèle l'extension de l'antisémitisme et uniquement parce que le supposé humoriste s'en est pris à un journaliste au nom à la consonnance juive.
5. Ces mêmes journalistes mettent aujourd'hui en opposition la répression à l'égard de Dieudonné et les dangers qu'elle ferait peser sur la liberté d'expression, comme ils opposaient rituellement hier, après chaque acte de terrorisme islamiste, le danger des amalgames islamophobes à la condamnation de l'antisémitisme qui le motive.
6. Le rôle du CRIF et d'acteurs d'origine juive dans cette affaire est on ne peut plus visible, au point de confirmer objectivement, le mythe de leur pouvoir de censure et de poursuite. On peut d'ailleurs se demander s'il y a un rapport entre la déclaration de Roger Cuckierman affirmant renoncer à être "la deuxième ambassade" d'Israël et le bras de fer de l'État et des dieudonnistes, puisque l'antisémitisme de ces derniers se justifiait d'être un antisionisme.
Pendant ces 14 ans, un décor a été planté et c'est ce que nous n'avons cessé d'analyser, notamment dans cette chronique. Aujourd'hui un scénario vient d'être monté, une gestuelle inventée, pour jouer sur cette scène nul ne sait quel drame. C'est de ce point de vue un tournant dans cette histoire, de la même épaisseur que l'assassinat de l'archiduc d'Autriche en 1914. Un fait insignifiant met en branle un paysage déjà installé. Cette affaire ne fait que commencer.
Ce texte est la retranscription d'une chronique sur Radio J, radio de la communauté juive en France