Christine Taubira dénonce “les pitreries obscènes de l'antisémite multirécidiviste” Dieudonné
Dans une tribune publiée dans Le Huffington Post, la ministre de la Justice française Christine Taubira dénonce sèchement «les pitreries obscènes d'un antisémite multirécidiviste», le «pitoyable bouffon» Dieudonné. Elle s'interroge ensuite sur les réponses à apporter à ces «provocations putrides [qui] testent la société, sa santé mentale, sa solidité éthique, sa vigilance».
Il est triste, infiniment triste, d'achever une année sur les pitreries obscènes d'un antisémite multirécidiviste. Faut-il que son talent soit stérile pour qu'il n'ait d'autres motifs pour faire s'esclaffer des esprits irresponsables ou incultes ou pervers, qu'une tragédie, un génocide, un indicible drame, de ceux dont on sait qu'on ne guérira pas, car rien ne nous consolera jamais des enfants dont la destinée s'est interrompue, brusquement; et avant même cette violence de la mort industrielle, qui ne distingue pas, frappe sans rien connaître de ses victimes, la violence de l'arrachement, de la malnutrition, de la maladie, du désarroi, de cet inconnu irrationnellement hostile, la violence de la révélation de parents démunis qui ne peuvent protéger que par l'amour.
Faut-il frayer avec les monstres pour trouver quelque plaisir à se faire complice, après coup, de ce crime contre l'humanité? Faut-il avoir rompu avec les hommes pour ne pas être saisi d'effroi à l'évocation de la machination démente qui a organisé le discrédit, la cabale, les rafles, le transport surencombré, la promiscuité, le tri à l'arrivée, l'entassement dans les camps, le rituel macabre de la procession jusqu'aux chambres à gaz? Faut-il avoir le cœur sec comme une branche tombée depuis des millénaires et pétrifiée, pour ne pas voir un semblable dans l'autre, homme, femme, enfant, celle, celui qui nous manque d'avoir été exterminé par cette froide folie? “Au nombre des choses capables d'ébranler les hommes, il y a le souci des autres”. Albert O. Hirshman.