L'Université Paris VIII fait-elle partie des nouveaux territoires perdus de la République?

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Tribune dans Le Huffington Post du chercheur français et membre du Comité d'honneur de la LBCA Jacques Tarnero, à propos des militants pro-palestiniens qui, par la force, l'insulte et l'intimidation, ont empêché la tenue d'une conférence organisée par l'Union des Etudiants Juifs de France à l'Université Paris VIII.


L'Université et en particulier celle de Paris VIII Saint Denis fait-elle partie des nouveaux territoires perdus de la République? La semaine dernière une dizaine d'étudiants israéliens invités par l'Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) à effectuer une tournée en France pour dialoguer avec des étudiants français autour du thème «Avoir 20 ans en Israël» ont été expulsés et insultés par des militants pro palestiniens.

La semaine précédente ces mêmes militants avaient organisé à Paris VIII une semaine contre «l'apartheid sioniste». Refusant tout dialogue, tout débat ces gens ont imposé leur loi par la force, l'insulte et l'intimidation. La direction de l'Université a cédé devant la menace et les étudiants israéliens ont dû plier bagage. Les excuses formulées par la Présidente de l'Université, Danielle Tartakowsky sont étonnantes de candeur:

«Par le présent communiqué la direction de l'université dénonce et regrette les incidents provoqués par des étudiants de Paris 8 qui ont terni la venue d'une délégation d'étudiants israéliens ce vendredi 14 mars à Paris 8. La direction de l'université condamne le fait qu'un groupe d'étudiants ait empêché la tenue d'une initiative dûment autorisée dont l'objectif était d'engager le dialogue sur la question israélo-palestinienne. Contrairement à ce qui a pu être écrit, la direction de l'université tient à faire savoir que l'interruption des événements programmés a été décidée à regret, devant le risque manifeste de trouble à l'ordre public. De la même façon qu'une autorisation avait été donnée il y a quelques semaines, au nom de la liberté d'expression pour l'organisation d'un événement militant du « collectif Palestine ». L'université Paris 8 est, et restera, un lieu ouvert à toutes les organisations étudiantes, dès lors qu'elles se situent dans le champ du débat respectueux et contradictoire.»

En mettant sur le même plan une manifestation haineuse faisant la promotion du boycott d'Israël et la venue pour dialoguer d'une délégation d'étudiants israéliens, l'Université fait preuve d'une fausse équité: les agresseurs y seraient aussi bienvenus que les agressés. Quand y eut-il un débat «respectueux et contradictoire» à Paris VIII St Denis?

Youyous à l'appui et drapeau palestiniens brandis, ce n'était plus l'Université de Saint Denis mais Gaza sur Seine. Les rois de France enterrés dans la basilique proche doivent en prendre leur parti en attendant que Charles Martel rende des comptes pour son islamophobie.

Depuis plusieurs mois, en France et en Europe, progresse cette agitation diffamatoire et cette violence. Dans les supermarchés, des personnes portant t-shirt marqués de slogans contre «l'apartheid en Israël» et vociférant leur haine du «sionisme» s'ingénient à vider les rayons de ces magasins des produits israéliens. Ces gestes visent Israël, ils visent aussi la France.

Cette action obéit à une stratégie réfléchie et progressive. Elle a son agenda, son lexique, ses méthodes, ses étapes. Elle installe progressivement dans l'opinion une idée qui fait son chemin: «Israël = apartheid». Elle reprend ces slogans abjects des banderoles déjà brandies dans les rues de Paris affichant un signe = entre l'étoile juive et la svastika. La nazification d'Israël, sa stigmatisation absolue est une étape pour la délégitimation de l'Etat juif. La planète terre ne saurait tolérer un Etat nazi.

En utilisant le masque émancipateur de la lutte anti apartheid, ces militants reconduisent les gestes des nazis dans les années 30 qui barbouillaient d'étoiles juives les magasins à boycotter. On connaît la suite de cette histoire.

Avec l'appui des grandes consciences autoproclamées voilà que s'est développée cette propagande crapuleuse. Elle produit aujourd'hui ses effets. Ils sont terrifiants. Dans les banlieues toute la frustration sociale a trouvé ainsi le bouc émissaire de son mal être. Des Palestiniens par procuration jouent à l'intifada contre les démons sionistes. Les juifs portant kippa n'y sont plus bien vus par ceux qui ont fait de Mohamed Merah leur héros.

On peut bien rêver que la République laïque et obligatoire ne tolèrera jamais cela et que le fascisme ne passera pas. Trop tard, le fascisme est déjà passé et ce fascisme qui vient, pour reprendre le titre d'un ancien livre de Jacques Julliard n'est pas celui qu'on attendait. L'islamo-gaucho-fasciste en est la nouvelle incarnation. Ah, bien sur il y a aussi Marine et ses amis poutiniens. On allait presque l'oublier. Pour le moment ça n'est pas elle qui pourchasse les juifs ni expulse des étudiants israéliens. Elle attend tranquillement son heure. La classe politique fait ce qu'il faut pour lui ouvrir une voie royale.

Avec un aveuglement terrifiant, la gauche de gauche, des personnes supposées de progrès, ont laissé faire avec complaisance. La gauche a abandonné la Nation au Front National et elle a abandonné le peuple aux «islamo-progressistes» comme elle sait si bien les nommer. Désormais c'est au nom de l'antiracisme que des juifs «sionistes» ont été expulsés d'une manifestation anti-raciste à Toulouse par des militants d'extrême gauche. Aux cris de «sionistes, fascistes, barrez-vous» ils renvoyaient comme un sinistre écho des «juifs, casse toi, la France n'est pas à toi» scandés dans les rues de Paris, lors de la manifestation nommée «jour de colère» de janvier dernier.

Est-on encore capable d'ouvrir les yeux devant cette invraisemblable pot-pourri qui avance? A passer leur temps à s'écouter les uns les autres nos hommes politiques n'écoutent plus le pays réel. A passer leur temps à se regarder le nombril ou à espionner celui de leurs rivaux, nos élites ne voient plus clair. Une partie du pays se délite sous leurs yeux mais cela ils ne le voient pas. On se demande bien à quoi servent tous ces «observatoires» puisqu'on ne voit rien ou plutôt qu'on ne veut rien voir.

Ce qui menace aujourd'hui les français juifs en France menace tous les Français. Ce qui menace Israël menace la France. Ne pas le comprendre est suicidaire.

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