Antisémitisme: retracer les limites
Pour la Ligue, l’antisémitisme reprend du poil de la bête. Elle part au combat, pour retracer les limites, à ne pas franchir.
«Avant 2000, on comptait les incidents sur les doigts d’une main. Maintenant, il faut tous les doigts d’une salle remplie. C’est pourquoi nous lançons notre ligue belge contre l’antisémitisme.»: Joël Rubinfeld est le tout frais président de cette ligue.
«Quand des gens défilent en rue en scandant mort aux Juifs. Ou lorsque la quenelle qui est un salut nazi inversé se relève et que le salut nazi se relève lui aussi, il faut cibler son combat.» D’utiliser cette image: «Les délimitations se sont effacées. C’est l’usure du temps. Il faut les retracer.»
Isaac Franco est le vice-président: «On croyait que l’antisémitisme n’avait pas résisté au choc de la deuxième guerre mondiale et de ses atrocités. Mais ce n’est pas le cas, il est toujours là. Il mute.»
Alors? «On ne s’inscrit pas contre les mouvements contre le racisme, pas du tout. Nous restons à leurs côtés mais nous estimons qu’il faut singulariser le combat.»
Un combat que la ligue compte bien mener, entre autres, via un site internet. «Sur ce site, il y aura d’abord de l’information, de la prévention. Comment? La Belgique a un arsenal législatif qui est particulièrement bien fourni. Mais il est méconnu et on y accède difficilement. Via notre site, nous allons diffuser ces informations le plus clairement possible.»
Prévention et répression
Ce site devrait aussi revêtir une vocation pédagogique. «L’ignorance est le terreau du racisme. Via des définitions, des explications, on peut aussi recentrer et préciser les idées, le débat.» Et tordre le cou à des canards nauséabonds.
L’autre combat décrit par la ligue sera plus «répressif» parce que la ligue n’hésitera pas à demander l’application de la loi devant les tribunaux (lire ici).
De préciser: «Nous ne sommes pas là pour défendre la politique de l’état d’Israël. C’est une démocratie et elle peut être critiquée et est critiquée par des Juifs. Elle ne peut servir aux prêches antisémites. Nous nous sommes là pour défendre les juifs de Belgique pour qu’ils puissent vivre en Belgique où ils sont nés. Mon arrière-grand-père a dû quitter la Russie, mon grand-père a dû quitter la Pologne, mon père a dû quitter l’Autriche. Parce qu’ils étaient juifs. Je ne veux pas que mes enfants doivent quitter la Belgique.»
Albert Jallet