Quand les professeurs peinent à enseigner la Shoah
Des élèves contestent l'évocation du génocide juif. L'affaire Dieudonné a ravivé un antisémitisme latent.
Avec l'affaire Dieudonné, une digue morale vient de sauter dans les établissements scolaires, selon certains enseignants interrogés par Le Figaro. «La Shoah, j'en suis gavé depuis la classe de troisième. Entre les émissions de télé, les séries, l'école, on ne parle que de ça. Moi, ça me fait du bien d'en rire avec Dieudonné.» Voici ce qu'a entendu la semaine dernière un professeur d'histoire parisien lors d'un cours consacré à la Seconde Guerre mondiale. «Pourquoi parle-t-on tout le temps du génocide juif et pas du génocide rwandais ou cambodgien?», écrit une élève à la fin d'un devoir d'histoire sans vouloir réaliser, apparemment, qu'elle vit en France. Le mois dernier, une enseignante, professeur contractuelle d'histoire-géographie dans un lycée de Saint-Priest (Rhône), a déposé plainte en raison d'attaques à caractère antisémite de ses élèves. Elle s'est ainsi entendu dire: «On ne veut pas d'une juive comme professeur dans notre classe.»
Sur certaines photos de classe abondamment médiatisées, des élèves font, depuis deux ans environ, le signe de ralliement à Dieudonné, la «quenelle», ce geste que le ministre de l'Intérieur a récemment qualifié d'antisémite mais que les élèves revendiquent plutôt comme «antisystème». Déjà en 2009, alors qu'un enseignant de mathématiques du Blanc-Mesnil avait été la cible d'une inscription anti-juive, la conseillère principale d'éducation du lycée y voyait l'influence de Dieudonné: «Son auteur aurait été influencé par des idées véhiculées dans les banlieues, et par le polémiste qui y fait parfois figure d'idole», estimait-elle.