Rubinfeld : «Les nez crochus étaient en rupture de stock»
Le Bruxellois Joël Rubinfeld, président de la Ligue Belge contre l’Antisémitisme, a fait une petite virée à Alost ce jeudi pour «un avant-goût du grand raout antisémite prévu les 23, 24 et 25 février prochains». On lui a dit que les nez crochus étaient en rupture de stock.
Le carnaval d’Alost a fait beaucoup couler d’encre l’année passée. Un char de la compagnie Vismooil’n avait entraîné l’événement folklorique sur le chemin de la polémique. Il transportait des personnages juifs caricaturaux défendant un coffre que l’on supposait rempli d’argent. Des organisations juives avaient alors dénoncé les «conséquences désastreuses» de la diffusion de «préjugés antisémites extrêmement chargés».
«Le problème a eu lieu à plusieurs reprises: en 2009, en 2015 et en 2019. Ils sont venus avec des accoutrements de juifs religieux. Il n’y a pas de problème s’ils sont déguisés en la bande de Rabbi Jacob. On peut rire des juifs. Le problème ici c’est qu’ils rajoutent l’insulte et la haine. Les déguisements de l’année passée avaient des nez crochus, des clichés liés à l’argent et des rats, une référence littéraire antisémite nazi. On va beaucoup trop loin», déplore Joël Rubinfeld Bruxellois et président de la Ligue Belge contre l'Antisémitisme.
UNE PETITE VIRÉE
Le carnaval de la ville d’Alost a lieu cette année du 23 au 25 février. Joël Rubinfeld s’est donc rendu ce jeudi dans cette ville flamande pour voir un peu l’état d’esprit qui y règne. «Je voulais me rendre sur place. J’ai passé trois-quatre heures pour parler avec les gens, voir quel était leur état d’esprit. Je suis allé dans plusieurs magasins. Dans un, ils vendaient des costumes de juifs. Dans l’autre, les deux dames étaient très embêtées», explique-t-il, en poursuivant: «Mais jusqu’ici ce n’était que pour l’accoutrement. J’ai demandé s’ils avaient des nez crochus. Elle a dit que c’était en rupture de stock. Je ne sais pas où on va. Je serai sur place le 23 pour être sûr qu’on ne minimise pas le problème. Je redoute que certains se lâchent.»
L’Unesco a décidé de retirer le carnaval d’Alost de la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité en décembre dernier. Le 1er décembre, le bourgmestre d’Alost Christoph D’Haese (N-VA) avait lui-même retiré le carnaval de la liste du patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco car la Ville d’Alost s’attendait au retrait de cette reconnaissance, à cause d’un char accusé de véhiculer des clichés antisémites.
«Le bon sens et la morale l'emporteront- ils sur la débauche antisémite? On le saura dans une dizaine de jours», conclut Joël Rubinfeld.
CELINE ARNOULD