L’antisémitisme criminel touche à nouveau le cœur des Etats-Unis

Le Soir |


L’attaque de la maison d’un rabbin dans la banlieue de New York fait 5 blessés. Être «juif visible», comme le sont les hassidiques, devient un danger, comme en Europe.

L'attaque de la maison d’un rabbin hassidique (ultraorthodoxe) de la grande banlieue de New York (Ramaco, comté de Oakland) survenue samedi soir au 7e jour de la fête d’Hanouka (la fête des Lumières) a infligé de graves blessures à au moins 5 participants à ce repas festif rassemblant une centaine de personnes. Elle s’ajoute surtout à d’autres attentats (comme l’a qualifié le gouverneur M. Cuomo) visant la communauté juive américaine, victime l’an dernier de 1.850 agressions verbales ou violentes dénoncées, un chiffre en hausse constante.

Identifié par sa plaque

L’agresseur s’est introduit dans la maison du rabbin, voisine de la synagogue. Il était armé d’une machette avec laquelle il a infligé des blessures graves à ses victimes, dont trois (dont le fils du rabbin) demeuraient dimanche soir dans un état critique. Des participants au dîner festif ont pu se réfugier dans la synagogue voisine et en barricader la porte pour échapper aux assauts du furieux qui prit finalement la fuite.

Un témoin des faits a pu mémoriser son numéro de plaque d’immatriculation. Ce véhicule fut finalement repéré par des caméras de surveillance au passage du Washington Bridge (qui rejoint le Bronx et Manhattan). L’homme interpellé (le propriétaire de la voiture) était, aux dires de la police de New York, «couvert de sang». Selon le New York Times, il s’identifie comme étant Grafton Thomas, un Afro-Américain de 38 ans sans casier judiciaire particulier, à l’exception d’un incident avec un cheval de la police montée new-yorkaise. L’homme a été transféré aux services de police et de justice du comté d’Oakland devant laquelle, s’il est inculpé, il devra répondre d’au mois 5 préventions.

Cet acte terroriste a consterné la communauté juive américaine et a suscité l’expression d’inquiétudes en Israël, notamment celles du président Reuven Rivlin, dénonçant en ces circonstances ce «mal croissant» qu’est l’antisémitisme qui représente «une menace globale». Donald Trump a réagi à l’attaque par ce tweet: «L’attaque antisémite à Monsey, New York, lors de la septième nuit de Hanouka, est horrible. Nous devons tous nous réunir pour combattre, défier et éradiquer le fléau néfaste de l’antisémitisme.»

Fantasmes

Joël Rubinfeld, le président de la LBCA (Ligue belge contre l’antisémitisme), ne dit pas autre chose. Cet habitué des rencontres avec ses homologues américains déplore qu’en cette affaire, il «semblerait qu’un membre d’une minorité s’en prenne à une autre minorité visible», ce qui traduirait une exacerbation de tensions qui pourrait se fonder sur les fantasmes du «juif riche» (les loueurs d’appartements à New York) et «exploiteur» véhiculé par les antisémites.

Rubinfeld constate, au vu des chiffres des agressions subies aux Etats- Unis et ceux en hausse en Belgique, que «la banalité d’être juif» qui prévalait outre-Atlantique n’est plus tolérée, comme c’est le cas en Europe et en Belgique. «Il faut constater aussi», déplore-t-il, «que la communauté juive américaine, jusqu’alors relativement préservée de l’antisémitisme, devient l’objet de mesures de protection qui l’extraient de la vie normale».

La communauté juive aux Etats-Unis a été victime ces derniers mois de plusieurs attentats. En avril dernier, au dernier jour des fêtes de Pessah (Pâque juive), un jeune de 19 ans avait ouvert le feu dans la synagogue hassidique de Poway (Californie), tuant une femme et laissant au sol trois blessés.

En octobre, un suprémaciste blanc avait fait onze victimes dans une synagogue de Pittsburgh, accusant dans une lettre «les sales diaboliques juifs de faire rentrer dans le pays les sales diaboliques musulmans» et admettant lors de ses interrogatoires: «Je veux juste tuer des juifs. Il y a une infestation de youpins»...

MARC METDEPENNINGEN

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