«La Belgique a un système judiciaire défaillant»
Pas de sanction pour le café «interdit aux Juifs»: la justice liégeoise a rendu une ordonnance de non-lieu dans ce dossier lié à un café turc de St-Nicolas.
Président de la Ligue Belge contre l’Antisémitisme, Joël Rubinfeld attend d’y voir plus clair avant de décider de la suite à donner à ce dossier liégeois: «Nous attendons de voir quelles sont les motivations du parquet, explique-t-il. Si ça se trouve, l’auteur de ce message est décédé, ce serait la seule explication plausible… Notre avocat, qui représente le plaignant, a écrit au parquet, nous attendons sa réponse pour éventuellement réagir. Parce que ce classement sans suite, nous ne pouvons pas l’accepter.»
La LBCA était aux premières loges, en 2014, quand l’affaire avait éclaté. «Lorsque nous avions été informés par la personne qui a déposé plainte, nous lui avions mis à disposition notre assistance juridique. En 2015, le parquet de Liège avait fait une proposition de médiation, qui avait été rejetée par le plaignant, qui avait estimé que les faits étaient bien trop graves que pour accepter une simple médiation.» Et depuis lors, plus rien ou presque. Si ce n’est cette décision de non-lieu que la LBCA et le plaignant ont apprise un peu par hasard.
Une décision surprenante? «Ce n’est pas un cas isolé, souligne M. Rubinfeld. Nous avons mis en lumière toute une série de cas graves d’antisémitisme et ça s’est toujours soldé par un non-lieu. Je ne sais pas à quoi ça sert encore qu’on dépose plainte.»
Pour le président de la LBCA, il ne faut cependant pas voir dans ces décisions un antisémitisme latent dans le chef de la justice belge. «La Belgique n’est pas un pays antisémite: il y a des lois qui le condamnent. Le problème, c’est qu’il y a des déclarations de principe, des postures, mais ça reste dans le champ théorique. Ce n’est jamais mis en pratique. Il y a de sérieux dysfonctionnements dans le système judiciaire, et pas uniquement pour les cas d’antisémitisme.»
GEOFFREY WOLFF