Le photomontage polémique d'un militant PTB

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La Ligue contre l’antisémitisme s’insurge: «Rabbi Michel a déjà été partagé plus de 4000 fois».

La Ligue belge contre l’antisémitisme (LBCA) a réagi, hier, à la publication sur le profil Facebook d’un militant du PTB d’un photomontage de Charles Michel inspiré du film Rabbi Jacob, où la réplique culte «Rabbi Jacob il va danser» a été remplacée par «Charles Michel il va taxer».

«C’est de l’humour», selon l’auteur du photomontage, un certain Yves Malisse. «De l’humour? C’est aussi ce que dit Dieudonné», rétorque Joël Rubinfeld, le président de la LBCA.

S’il ne se présente pas le 26 mai, ce M. Malisse apparaît quand même comme celui qui gère le groupe Facebook du PTB Mouscron. Et s’il n’a posté le photomontage que sur son profil FB privé, chacun peut constater que ce profil fait largement place à la propagande PTB. Le photomontage a déjà été partagé plus de 4000 fois. Depuis le week-end, la LBCA a reçu plusieurs plaintes.

Joël Rubinfeld y voit l’expression d’un antisémitisme primaire destiné, à trois semaines des élections, à entretenir dans le public le cliché dont chacun sait qu’il a conduit au pire sous le régime nazi, qui associe les juifs à la finance, au pouvoir, à l’argent, et maintenant aussi aux taxes et aux impôts.

Pour le président de la LBCA, «il est évident qu’on doit pouvoir rire des juifs: les juifs sont les premiers à rire d’eux-mêmes. La question n’est pas là. On doit pouvoir rire et même pourquoi pas se moquer des juifs, si le rire est bienveillant, s’il n’est pas chargé de haine».

Pourquoi Yves Malisse, ce «militant de base du PTB» a-t-il réalisé le photomontage? Quelle satisfaction éprouve-t-il à l’avoir diffusé dans les réseaux sociaux?

«J’ai 60 ans. Je suis invalide. J’ai du temps libre. Pour moi, c’est de l’humour, rien de plus. Je n’y vois pas de l’antisémitisme. C’est de la parodie comme faisait Hara Kiri. Dans le film, Rabbi Jacob il va danser. Eh bien, Rabbi Michel il va taxer. Et quoi? Si je mets une femme, on dira que c’est du sexisme? Si je mets un Arabe, que c’est du racisme? Et ce serait de l’antisémitisme parce que je mets un juif? Et la tolérance, elle devient quoi? Où est-ce qu’on va à la messe si on part comme ça? C’est ma façon d’exprimer un mécontentement contre la politique (de Charles Michel). On n’a plus le droit?»

«Rien n’est anodin quand on prend la responsabilité de mener une activité politique, quel que soit le niveau», pour Joël Rubinfeld qui aimerait que chacun comprenne, une bonne fois pour toutes, que les discours dénigrants, c’est fini.

«Les gens pensent que l’antisémitisme a commencé à Auschwitz. Je réponds non: l’antisémitisme se termine à Auschwitz. L’antisémitisme a commencé de cette façon: sous le couvert de l’humour. Il n’y a pas d’antisémitisme light.»

Au PTB, Raoul Hedebouw a été contacté.

La LBCA, pour sa part, ne déposera pas plainte.

En fin d’entretien, Yves Malisse proposait: «Écoutez, s’ils le souhaitent, je veux bien l’enlever, mon photomontage.»

GILBERT DUPONT

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