Berchem: une étoile juive taguée sur sa boîte aux lettres
Un acte antisémite ciblé qui a de quoi inquiéter sa victime. La police locale mène l’enquête et patrouille davantage dans son quartier depuis lors.
En relevant ce lundi son courrier, une habitante de Berchem-Sainte-Agathe a découvert qu’une étoile de David avait été taguée à l’indélébile sur sa boîte aux lettres. Un acte antisémite qui rappelle les heures sombres du nazisme d’où vient cet abominable modus operandi, destiné à marquer et exterminer les Juifs; la victime n’étant autre qu’une femme de 57 ans qui a découvert sur le tard ses origines juives.
«Ce n’est qu’il y a un peu plus d’une dizaine d’années que mon père m’a finalement révélé avant de mourir que ma famille, du côté de sa mère, avait des origines juives. Mon arrière-grand-père était décédé de peur suite à un souci avec les Allemands en 1918. Ce qui pourrait peut-être expliquer que ma famille ait gardé ce secret si bien caché pendant près d’un siècle», témoigne notre victime.
«En découvrant cela, j’ai bien entendu fait quelques recherches généalogiques et je suis parvenue à remonter jusqu’à l’an 1500 lorsque l’un des premiers ancêtres de ma grand-mère, qui venait d’une famille juive d’origine tchécoslovaque, a été tué en Amérique parce qu’il voulait y diffuser la religion juive», confie celle qui est aujourd’hui «sous le choc» d’avoir été ciblée pour ses origines dont peu de monde dans son entourage a la connaissance..
«Comme il y a actuellement une montée de l’antisémitisme et de tous les extrêmes, quels qu’ils soient, cela me fait vraiment très peur. Je ne m’en remets pas du tout. Depuis lundi, ma tension reste élevée et je ne parviens pas à la faire redescendre. Je me sens vraiment en insécurité. Je commence à me méfier de tout le monde maintenant ; c’est aussi un drôle de sentiment, on n’a plus confiance en personne et on hésite à dire les choses», se désole notre victime.
«Ce n’est pas rare»
«C’est quelque chose que j’ai déjà entendu souvent. Ce n’est pas rare. Après la guerre, vous avez certaines familles juives qui ont refusé de dire à leur descendance qu’elles avaient des origines juives pour les protéger, parce que c’était toujours cette crainte du retour du nazisme, des persécutions antisémites, des rafles», contextualise Joël Rubinfeld, président de la Ligue Belge contre l’Antisémitisme..
«Il y a même pas mal de Juifs qui n’ont plus voulu circoncire leurs fils parce que, pendant la guerre, lors des rafles, ils descendaient dans les écoles et baissaient les pantalons des petits garçons pour voir lesquels étaient circoncis», rappelle également Joël Rubinfeld qui a d’ores et déjà pris soin de contacter le bourgmestre berchemois afin de l’alerter du tag antisémite qui a visé notre victime..
«J’ai été prévenu par le président de la Ligue Belge contre l’Antisémitisme et, la première précaution que j’ai prise, c’est de faire en sorte qu’il y ait plus de rondes de police dans le quartier de la victime», explique Joël Riguelle, bourgmestre de Berchem-Sainte-Agathe, qui a finalement dépêché sur place ce jeudi son échevin de la Propreté Publique, Saïd Chibani, et deux policiers (dont l’agent de quartier) pour faire procéder à l’effacement du tag antisémite (à la place du prestataire de service qui tardait à intervenir).
DIDIER HAINE