“Heil Hitler” et l’aigle nazi sur son biceps
Le chauffeur de bus de la Stib a été viré à cause de ses tatouages, dévoilés lors de la canicule.
La Société des transports intercommunaux de Bruxelles a licencié, lundi, un membre de son personnel qui, au plus fort de la canicule, s’est présenté vêtu d’un short et d’un marcel à une réception entre collègues, donc pas au volant, organisée au dépôt Delta de la Stib, à Auderghem.
La tenue n’intervient en rien dans le licenciement d’Olivier B. Sauf qu’elle a révélé à tous que le chauffeur de bus portait sur le biceps gauche des tatouages relatifs à l’idéologie nazie.
Le symbole 88 est un signe de reconnaissance néonazi: «8» étant la huitième lettre de l’alphabet, «88» = «HH» = «Heil Hitler», il s’agit du salut à Hitler, le salut nazi. Sur son biceps, le chauffeur a aussi fait tatouer l’emblème du NSDAP, l’aigle du parti nazi, un symbole connu des adhérents de l’idéologie politique du national-socialisme.
Il a d’autres tatouages à l’épaule droite mais ceux-ci n’ont pas pu être photographiés. Enfin, celui qui a discrètement pris les photos croit avoir vu aussi un «soldat SS» tatoué sur sa jambe.
La Ligue belge contre l’antisémitisme a rencontré jeudi dernier Brieuc de Meeus, le CEO de la Stib. Et lundi, le chauffeur était licencié.
L'homme qui porte aussi la moustache, était entré à la Stib le 16 décembre 1991. Après une carrière de 26 ans, il présentait un «très bon dossier professionnel», précise la porte-parole Françoise Ledune. «Nous n’avions non plus jamais reçu de plainte de la part de la clientèle.»
La Stib a motivé le licenciement par le fait qu’«en se montrant sur le lieu du travail dans une tenue laissant voir ces tatouages, ce collaborateur est en contradiction totale avec les valeurs de la Stib […] l’entreprise tient à s’en distancier». Le C4 rappelle le code éthique et la déontologie de l’entreprise.
Le chauffeur de bus licencié n’a pu être contacté. Nous ignorons s’il contestera la sanction.
La Stib ne pouvait préciser de quand datent les tatouages, ni expliquer pourquoi ils n’avaient pas été constatés depuis 1991. Joël Rubinfeld relève qu’il a fallu ces photos et la démarche de la Ligue contre l’antisémitisme pour prendre cette mesure dont il se réjouit. Selon la Stib, des collègues interrogés ont répondu que le chauffeur n’avait jamais manifesté dans le passé de sympathies pronazies. «Rien de ce genre n’était jamais remonté.»
Selon la porte-parole Françoise Ledune toujours, Olivier B. «a paru étonné». La loi belge du 23 mars 1995 combat la banalisation du nazisme. Pour Joël Rubinfeld, cette loi a jusqu‘à présent très peu été appliquée depuis vingt ans. «Il manque de la jurispridence.»
L'employé n'a pas seulement perdu son emploi. Si le parquet de Bruxelles ouvre une information judiciaire, des poursuites pénales sont envisageables. La loi prévoit, outre une amende, de huit jours à un an d’emprisonnement.
La Ligue contre l’antisémitisme ne déposera pas plainte. Son président estime que «perdre son boulot à cet âge (entre 45 et 50 ans), c’est une sanction lourde».
«Nous sommes surpris qu’il y ait toujours aujourd’hui des personnes qui affichent de tels messages. On est choqués de voir, sur les photos, que ce sinistre individu assume pleinement. Les tatouages, aujourd’hui, ça s’efface. Il ne peut bien sûr plus plaider une erreur d’adolescence.»
GILBERT DUPONT