Incident antisémite au Basilique Bridge Club

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L’incident a éclaté dans le cercle de bridge situé dans la basilique de Koekelberg. Le vendredi 9 juin, il est 17h lorsque vient le temps de compter les points, Pierre qui conteste les résultats s’en prend à ses deux adversaires, deux dames âgées de confession juive. Le mauvais perdant les aurait traitées de «youpines». À la suite de l’altercation, Pierre a été exclu du club de bridge.

Vendredi 9 juin, Edith (nom d’emprunt) et son amie Carole (nom d’emprunt) affrontent l’équipe de Pierre (nom d’emprunt) dans un tournoi au Basilique Bridge Club qui se trouve dans la basilique de Koekelberg. Alors que la partie s’était bien déroulée, quand vient le moment de compter les résultats, Pierre qui affrontait les deux femmes avec son co-équipier s’emporte. «Il perdait un peu alors il s’est fâché», nous explique l’une des victimes. «Il a commencé à nous insulter de connes, de vielles peaux, etc.»

Les deux joueuses de bridge demandent alors à l’homme qui se montre violent verbalement de se calmer. «Il a dit à son partenaire: ne discute pas, ce sont des ‘youpines’». Un terme péjoratif qui désigne une femme juive. «Je dois dire que j’ai eu très dur mais pour ma partenaire c’était pire. C’était une enfant cachée, elle n’avait pas entendu ce terme depuis la guerre. Elle est traumatisée», affirme notre interlocutrice. En effet, Carole, l’une des femmes insultées a perdu des membres de sa famille dans les camps de concentration. «C’est choquant d’entendre comme ça, un mot qui avait disparu du vocabulaire.» Le gérant du club est alors intervenu et a exclu définitivement la personne mise en cause. Les deux femmes ont décidé de porter plainte pour insultes racistes. «C’est important de déposer plainte. On n’a pas à insulter les gens comme ça.» D’après le témoignage d’Édith, les deux retraitées ont été très bien prises en charge par la police. Preuve que ce terme est bien heureusement tombé en désuétude. «La policière qui s’est occupée de nous ne l’avait jamais entendu. Nous avons dû expliquer ce qu’il signifie», se rappelle-t-elle.

UN MANQUE DE CIVISME ABSOLU

Réginald Delacroix, le manager du Basilique Bridge Club, confirme la version des deux victimes. «Il y a eu un désaccord sur ce qui s’est passé durant le tournoi et là un joueur s’est énervé et a commencé à injurier ses adversaires qu’il savait de confession juive», confirme-t-il. Apparemment, Pierre qui a un certain âge avait bu. «C’est inacceptable! Il n’y a pas une personne dans le club qui l’a défendu, même pas son partenaire», nous dit le manager du club. «La personne a été exclue et maintenant j’estime que l’affaire est close». Réginald Delacroix refuse de stigmatiser qui que ce soit dans son cercle de bridge. «Nous sommes tous égaux, nous avons des joueurs de toutes confessions, on est tous copains et on joue ensemble» déclare le manager de Basilique Bridge Club, pour qui le joueur injurieux avait déjà dépassé les bornes au moment où il a traité les deux femmes de «connes». «Pour moi, ce n’est pas même pas un problème de racisme, c’était un manque de civisme absolu» dit-il.

«UN CAS RARE»

Pour le président de la Ligue Belge Contre l’Antisémitisme (LBCA), ce cas est assez rare. «Ce qui est particulier ici, c’est l’âge de la personne. Elle doit avoir 85 ans et donc elle est consciente de la connotation du terme ‘Youpin’ et de son utilisation durant la guerre», explique Joël Rubinfeld. Il ajoute que les cas généralement traités par la ligue concerne des personnes plus jeunes qui commettent des agressions antisémites verbales ou physiques. «C’est rare d’avoir cet antisémitisme traditionnel, celui que certains ont connu il y a 70 ans», déclare-t-il. «Ce monsieur n’a pas l’excuse de l’ignorance, il devait avoir environ 15 ans pendant la guerre et a donc été confronté à cette terminologie», commente le président de la LBCA.

JOY CITEGETSE

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