BDS: Un terroriste palestinien invité à témoigner à l'Université d'Anvers
«Est-il envisageable d'inviter Salah Abdeslam ou Mehdi Nemmouche à leur sortie de prison?» (président LBCA)
A l’occasion de la «Semaine contre l'apartheid israélien» initiée par le BDS, l’Université d’Anvers en Belgique a accueilli mardi le terroriste palestinien Salah Hamouri. en qualité d’intervenant à une conférence.
Salah Hamouri, un franco-palestinien, proche du Front populaire de Libération de la Palestine (FPLP), a passé près de sept ans dans une prison israélienne entre 2005 et 2011 pour avoir tenté d'assassiner le rabbin Ovadia Yossef, ex-grand rabbin d'Israël et chef spirituel du parti ultra-orthodoxe séfarade Shass, décédé depuis.
C'est en mars 2005 que le terroriste a été arrêté par les autorités israéliennes. Après avoir plaidé coupable, il est finalement condamné en avril 2008 à la moitié de la peine qu’il encourait. Il a été libéré en décembre 2011 dans le cadre de l'accord Shalit.
La venue d’Hamouri à l'Université d'Anvers a été organisée par le groupe d'extrême-gauche COMAC, le mouvement de jeunes du Parti du travail de Belgique, et approuvée par le directeur de l'Université, Herman Van Goethem.
La décision d'accueillir Hamouri, a provoqué un vif émoi au sein de la communauté juive de Belgique, et plus particulièrement parmi les étudiants juifs de l'Université.
«Je suis très déçue de l'importance accordée à l'événement, d'autant plus que l'invité est un terroriste condamné pour tentative d'assassinat, et qui a été libéré avant la fin de sa peine», a déploré à i24NEWS Jessica Rosenblum, étudiante à l'Université d'Anvers.
«Un individu comme M. Hamouri et le discours haineux d'organisations prônant le boycott d'Israël tel que le BDS n'ont pas leur place à Anvers», a-t-elle ajouté, dénonçant le prétexte du droit à la liberté d'expression dans le but de «délégitimer Israël» via de tels colloques.
«Liberté d'expression»
L'association des étudiants juifs de l'Université d'Anvers a tenté de faire annuler cette intervention, faisant part de son indignation au directeur, dans un courrier dont i24NEWS a obtenu une copie.
Dans sa réponse, Van Goethem invoquant «la liberté d’expression», a affirmé que l’Université qu’il dirige dispose du droit d'organiser des soirées «politiques», notamment pour faire entendre ceux qui veulent s’exprimer sur la notion d’«apartheid liée au concept de l’État Juif».
Pour lui, la condamnation pour terrorisme de Salah Hamouri «ne peut justifier un refus» de le faire intervenir à une conférence. Ce dernier «a purgé sa peine de 7 ans d’emprisonnement et a plaidé coupable dans un contexte d’un accord pour réduire sa peine», a-t-il argué.
«La censure préventive dans le contexte de la liberté d’expression est fondamentalement inacceptable», a-t-il poursuivi. «Ce sera l’occasion de poser des questions critiques et de débattre. Je ne vois aucune raison de ne pas organiser cette soirée», a-t-il insisté.
«J’espère, sincèrement, que ce débat qui sera je n’en doute pas, houleux, mènera à un rapprochement des idées qui sont, à mon avis, bien trop polarisées», a conclu Van Goethem.
«Inviter Salah Abdeslam ou Mehdi Nemmouche»
Le président la Ligue Belge contre l'Antisémitisme (LBCA), Joël Rubinfeld, contacté par i24NEWS, a fustigé la décision des organisateurs d'inviter Hamouri.
«Le COMAC envisagerait-il d'inviter Salah Abdeslam ou Mehdi Nemmouche à leur sortie de prison pour contaminer les esprits de nos jeunes universitaires?», s'est-il révolté.
M. Rubinfeld a également souligné le fait «inconcevable» de «donner une tribune à un terroriste». Les organisateurs de cet événement «ne se rendent-ils pas complices d'incitation au terrorisme», s'est-il interrogé.
La LBCA a confié à i24NEWS avoir demandé au ministère de l'Intérieur l'expulsion de Salah Hamouri du territoire belge.
«Il a été libéré dans le cadre d'un échange», a tenu a rappelé André Gantman, membre du Conseil communal d'Anvers et ancien président de l'association juive B'nai B'rith d'Anvers, interrogé par i24NEWS, faisant référence à l'accord Shalit.
«Le problème n'est pas d'ordre légal mais d'ordre moral», a-t-il estimé, avant de préciser «Hamouri n'a à ma connaissance, jamais exprimé de regrets».
Pour M. Gantman, le directeur Herman Van Goethem porte la responsabilité de cet événement «inadmissible» en «laissant violer son université par un tueur».
Du côté des militants pro-israéliens, la colère est partagée. L'argument du «dialogue» défendu par le directeur de l'université est «trompeur», assure Jenny Aharon.
Pour cette activiste pro-israélienne d'Anvers, le problème n'est pas de se confronter aux idées opposées d'une personne, «c'est là tout le principe de la liberté d'expression, mais on ne peut pas dialoguer avec un tueur!», conclut-elle.
SALOMÉ FITOUSSI