Une enseignante associe Cruella et Hitler pour obtenir le calme
Parmi ses élèves, deux enfants juifs. Réaction de la Ligue contre l’antisémitisme. «Propos inacceptables» pour le chef d’établissement.
Dans un courrier adressé aux parents d’élèves, le directeur de l’École active, à Forest, dit regretter qu’une enseignante ait déclaré en plein cours: «Même si j’en ai envie, je ne pourrais être Cruella ou pire, Adolf Hitler.» Le chef d’établissement qualifie d’«inacceptables» des propos associant un personnage de Walt Disney et Hitler, propos tenus par une enseignante qui évoque Hitler pour réclamer le silence de ses élèves, parmi lesquels deux enfants de 12 et 13 ans, de confession juive.
Et c'est là-dessus que réagit la Ligue belge contre l’antisémitisme et son président Joël Rubinfeld qui s’interrogent sur cette enseignante et sur la réaction de la direction. Selon Joël Rubinfeld, la phrase rapportée par le directeur n’est pas celle que l’enseignante aurait prononcée. La phrase exacte serait: «S’il le faut, je peux être pire que Cruella et même qu’Adolf Hitler». Et alors que le directeur Cédric Pinchart soutient que l’enseignante s’adressait à la classe entière, le président de la LBCA affirme qu’elle parlait en ciblant du regard l’élève juif, ce que les parents de ce dernier confirment ainsi que ceux de l’autre élève juive qui était assise près de lui.
Contactés hier, ces parents ajoutent que leurs enfants sont traumatisés. L’un d’eux a déjà manqué plusieurs journées de cours. Les parents de l’autre ajoutent qu’ils l’ont changé d’école. Un point de plus déploré par la LBCA: «C’est comme une double peine. On constate qu’à chaque fois qu’un tel incident survient, c’est l’enfant juif qui change d’école».
Les parents démentent avoir reçu des excuses, comme l’écrit le directeur Pinchart dans son courrier: «Ni nos enfants ni nous-mêmes n’avons reçu d’excuses de l’enseignante».
Contacté, Cédric Pinchart s’en tient à cette lettre écrite, dit-il, pour couper court à des «rumeurs inexactes». L’école concède que «de tels propos n’ont pas à être tenus dans une classe». Elle ajoute que l’enseignante «en a pris conscience». Elle réaffirme que cette dernière, qui aurait été «débordée», n’a eu à aucun moment une intention malveillante, «voire antisémite» et que la phrase n’était pas destinée à des élèves en particulier.
Répétant qu’il s’agit d’un «incident regrettable», l’école dit comprendre que «certains élèves se soient sentis choqués de par leur histoire familiale et personnelle et présente ses excuses aux personnes qui auraient été blessées». Enfin, Cédric Pinchart précise que si aucune sanction n’a été prise à ce stade, «l’enseignante sera évaluée en fin d’année scolaire».
Insuffisant pour la LBCA et son président Rubinfeld qui demandent à la direction de «réévaluer la situation» et «prendre les sanctions qui s’imposent afin de préserver l’intégrité psychologique de tous les élèves et l’intégrité morale de l’établissement».
GILBERT DUPONT