Un tennisman à son adversaire juif: «Vous auriez dû être gazés»

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L’homme a immédiatement été exclu du tournoi qui se disputait à Anvers.

Une partie de tennis a tourné au vinaigre vendredi dernier lorsqu’un joueur âgé d’une quarantaine d’années, Alain Verlaak, a proféré des paroles antisémites envers son adversaire du jour, Serge N., juif, qui joue au Maccabi, un club anversois.«Vous auriez dû être gazés», a lancé M. Verlaak, après une discussion lors de laquelle le ton serait monté à propos d’une querelle autour de la validité d’un point. Le match en question se jouait dans le cadre des 7e Olympiades des clubs de tennis à Anvers.

L’arbitre présent sur place, qui n’avait pas entendu l’insulte, est allé aussitôt auprès d’Alain Verlaak, qui a confirmé avoir tenu ces propos (dont la véracité a par ailleurs été attestée par l’organisateur du tournoi). L’homme a directement été exclu du tournoi. Serge N., qui était ainsi passé en finale, a refusé de jouer son prochain match, se disant écœuré par la situation.

Un rapport a été rédigé et envoyé à la Fédération flamande de tennis, qui a, de façon surprenante, expliqué hier matin qu’elle n’était pas au courant de l’incident. En attendant, Serge N. a décidé de porter plainte.

Du côté de la Ligue Belge Contre l’Antisémitisme (LBCA), ce type de situation n’étonne presque plus. «Sur les 10 dernières années, nous avons enregistré près d’un millier de plaintes pour des actes antisémites de ce genre», explique le président, Joël Rubinfeld.

Mais ce n’est pas pour autant que cela doit rester impuni. «Tout d’abord, j’estime que l’organisation du tournoi a bien agi en écartant M. Verlaak. Mais je pense aussi que son club devrait l’exclure et l’empêcher de jouer des matchs en son nom. Dans un dernier temps, il devrait avoir une condamnation judiciaire», poursuit M. Rubinfeld.

Et l’homme de regretter: «Il y a un vrai sentiment d’impunité par rapport à ce genre d’actes en Belgique. Nous disposons d’un arsenal judiciaire important et pourtant, les condamnations se comptent sur les doigts d’une main ces dernières années. Il y a un vrai décalage entre la théorie et la pratique».

Reste maintenant à savoir qu’elle décision prendra la Fédération de tennis et si l’homme pourra à nouveau monter sur un court pour un match officiel.

ROMAIN DEMOUSTIER