Polémique antisioniste chez Bianca Debaets

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La Ligue belge contre l’antisémitisme (LBCA) envisage de poursuivre Youssef Kobo, le conseiller à la diversité de la secrétaire d’État à l’Égalité des chances du gouvernement bruxellois Bianca Debaets. En cause: plusieurs statuts Facebook très critiques envers l’état d’Israël tenus en 2014. Joël Rubinfeld de la LBCA évoque l’incompatibilité entre ses propos et son poste actuel. Youssef Kobo dit regretter lesdits statuts et parle «d’erreur de jeunesse».

Youssef Kobo, le conseiller à la diversité de la secrétaire d’État en charge de l’Égalité des chances du gouvernement bruxellois Bianca Debaets (CD&V), est pointé du doigt par la Ligue belge contre l’antisémitisme. «Nous avons reçu un signalement de Youssef Kobo, concernant des propos antisémites qu’il a tenus», nous indique Joël Rubinfeld, président de la LBCA. En cause: une série de statuts Facebook et de publications partagées datant de juillet 2014, où le conseiller se montre très clairement critique vis-à-vis de l’État d’Israël.

S’y trouve notamment une caricature représentant l’État d’Israël égorgeant la bande de Gaza et présenté comme «le frère jumeau timbré d’Isis (NDLR: acronyme anglais de Daesh, «Islamic State of Iraq and Sham»)». Ou encore, une vidéo où l’on voit deux soldats israéliens que Youssef Kobo compare «aux nazis du 21e siècle».

«Il travaille à un poste clé, qui traite notamment des questions liées à l’antisémitisme», dénonce Joël Rubinfeld. «Ces propos, même s’il n’en a plus tenu de ce genre depuis qu’il a été engagé, ce qui reste encore à vérifier, sont contraires à sa fonction. On ne peut pas être à la fois pompier et pyromane», s’insurge le président de la LBCA.

La ligue attend le retour de vacances de ses conseillers juridiques pour étudier les suites judiciares qu’elle pourrait engager contre Youssef Kobo. Bien que l’on puisse considérer les statuts litigieux du conseiller comme relevant de l’antisionisme (NDLR: hostilité à l’existence et/ou à l’extension de l’état d’Israël) et non de l’antisémitisme, le second étant punissable, alors que le premier relève jusqu’à une certaine mesure de la liberté de penser et d’expression.

«Antisémitisme moderne»

Pour Joël Rubinfeld, c’est du pareil au même. «L’antisionisme n’est que l’antisémitisme moderne, où la haine de l’état juif s’est substituée à la haine du juif», pense-t-il. «Si Youssef Kobo ne pense plus cela, s’il regrette, dans ce cas qu’il fasse amende honorable. Mais dans tous les cas, le cabinet de Bianca Debaets devra engager sa responsabilité sur cette question», s’exprime-t-il.

Joint par téléphone, Youssef Kobo évoque quant à lui une erreur de jeunesse. «Ces propos ont déjà quelques années et je les regrette», nous a-t-il confié. «On pourrait les classer comme «jeune et stupide», comme quelqu’un avec une grande gueule qui met quelque chose sur Facebook et ne réfléchit qu’après. Ces publications datent de la guerre de Gaza de 2014, où 530 enfants ont perdu la vie, un événement qui m’a énormément touché», s’explique-t-il, dans une interview accordée à nos confrères du Het Laaste Nieuws ce week-end. «Désormais, je ne communiquerai plus à ce sujet», nous a-t-il indiqué.

La secrétaire d’État garde confiance en son conseiller

La secrétaire d’État en charge de l’Égalité des chances du gouvernement bruxellois Bianca Debaets (CD&V) a réagi face aux accusations de propos antisémites qu’aurait tenu son conseiller à la diversité Youssef Kobo (CD&V), selon la Ligue belge contre l’antisémitisme. «La ministre condamne bien évidemment ce genre de propos et s’en dissocie pleinement», explique Pierre Migisha, porte-parole de son cabinet. «Mais depuis qu’il a été embauché, il n’a plus tenu ce type de propos. Il a déjà fait amende honorable à ce sujet devant le parti et dans les médias», nous indique-t-il. «Sauf si de nouveaux éléments viennent à apparaître, la ministre Bianca Debaets a réaffirmé sa confiance en son conseiller à la diversité et ne compte pas l’exclure», conclut le porte-parole.

TONY CHALOT