Un élève juif «gazé» avec des déodorants: ouverture d’une enquête à Braine-le-Château
Il est question de violences physiques, d’insultes et de blagues antisémites.
Une plainte a été déposée à la police jeudi de la semaine passée pour dénoncer un cas de harcèlement à caractère antisémite à l’encontre d’un élève de 12 ans de confession juive, qui est en dernière année à l’école primaire communale de Braine-le-Château. L’échevin de l’Enseignement Francis Brancart a indiqué jeudi qu’une enquête est en conséquence menée par la direction, mais qu’elle ne permet pour l’instant de confirmer les accusations portées. Il envisage la possibilité de mandater par la suite une enquête indépendante.
Un incident lors d’un voyage scolaire
La mère de l’élève concerné explique avoir été informée par son fils de l’ampleur des problèmes il y a environ 3 semaines et avoir averti la direction en rapport. Il est question de violences physiques ainsi que d’insultes et de blagues antisémites qui s’intensifient depuis un à deux ans.
Un groupe de 3 élèves, dont l’un est le fils d’une enseignante de l’école, est mis en cause. En classe de neige début 2015, la mère raconte que son fils a été «gazé» dans les douches avec des déodorants et fouetté avec des essuies jusqu’à laisser des marques sur ses bras et son dos.
«Mon fils me dit s’être régulièrement plaint depuis 2 ans à son enseignante, mais elle amoindrit à chaque fois la situation et ne se rend pas compte qu’il s’agit de harcèlement. J’ai contacté les surveillantes du midi et elles ont autorisé mon fils à rester à l’intérieur le temps du midi. Mon fils va quitter l’école après le CEB (Certificat d’Études de Base), mais je fais ces démarches pour que les enseignants et la direction prennent conscience qu’il ne faut pas prendre les problèmes de harcèlement à la légère».
Stupéfaction du côté de la direction
Du côté de la commune et de la direction de l’établissement, c’est la stupéfaction. La directrice précise vendredi qu’aucun changement n’a été perçu dans le comportement du jeune garçon, qui est selon elle très bien intégré et a toujours d’excellents résultats. Elle rapporte que les surveillantes du midi font état de disputes mais sans avaliser le caractère antisémite. Concernant l’épisode en classe de neige, les 3 enfants visés parlent d’un jeu pour voir lequel tiendrait le plus longtemps avec des déodorants.
Joël Rubinfeld, président de la Ligue Belge contre l’Antisémitisme, a récolté des témoignages d’élèves qui confirment les références à Hitler et les coups fréquemment portés par le groupe. Il déplore de manière générale le manque de mesures prises pour assurer le vivre ensemble.
«On constate avec inquiétude la multiplication de ce genre d’incidents dans le milieu scolaire. Cela a commencé dans le centre de Bruxelles il y a 3-4 ans avec une histoire aux Pagodes, puis l’école européenne, Bockstael, Jacqmain, Adolphe Max et Uccle 2 il y a 2 mois. Aujourd’hui, cela semble se développer en périphérie. Un cas nous a été signalé à Genval, mais nous n’avons pas encore vérifié les faits. Il y a globalement un sentiment d’impunité. Le buzz médiatique crée une mobilisation des responsables des autorités scolaires et politiques, mais ce n’est pas suivi par des mesures concrètes».