Antisémitisme: le dérapage violent d'un fonctionnaire européen

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Fonctionnaire et syndicaliste, il tabasse une cheffe d'unité de la Commission européenne alors qu'il paradait avec une plaque marquée «Mussolini». «Hitler aurait dû tuer tous les juifs!», lui lance-t-il.

La Ligue belge contre l'antisémitisme (LBCA) dépose plainte contre un fonctionnaire européen, président d'un syndicat minoritaire de fonctionnaires, qui aurait proféré des insultes antisémites et fait l'apologie du nazisme, tout en tabassant une haute fonctionnaire européenne de nationalité italienne.

Les faits remontent au 16 juillet, la fonctionnaire italienne, cheffe d'unité d'un service de la Commission, se trouvait attablée, en compagnie d'amis dans un café italien de la rue d'Arlon, proche de la place du Luxembourg. Il était 23h50 lorsque, voyant un homme s'approcher d'elle porteur d'une pancarte métallique portant le nom de Mussolini, elle lui fit part de son étonnement: «Mussolini était quand même un dictateur.» L'homme qui tenait des propos relatifs à la situation des Palestiniens en Israël, se tourna vers elle, la traitant, comme elle l'a déclaré dans sa plainte déposée à la police, de «sale Juive». Elle lui répondit: «je pourrais être juive» (elle ne l'est pas). «C'est alors que l'homme prit sa pancarte à deux mains et me frappa au visage et essaya de prendre mon cou entre ses mains pour m'étrangler.» Des amis de la fonctionnaire italienne se ruèrent sur l'agresseur qui n'avait de cesse de retourner vers sa victime pour continuer à la frapper. Il persistait à proférer des insultes: «Il parlait des nazis et des juifs», a confirmé à la police un ami espagnol de la victime. «Il s'agissait de commentaires racistes, c'est très clair.» Selon l'Italienne, l'agresseur aurait notamment lancé: «Hitler aurait dû tuer tous les Juifs!»

La fonctionnaire a dû recevoir des soins. Un médecin a constaté l'existence d'un traumatisme crânien et d'une commotion cérébrale. Il a prescrit à la victime en état de choc un suivi neurologique et psychologique.

Une condamnation

Le parquet de Bruxelles a confirmé que les faits faisaient l'objet d'une information judiciaire. Des caméras de surveillance attesteraient du déroulement de l'agression. La Ligue belge contre l'antisémitisme (LBCA), par la voix de son président Joël Rubinfeld, dénonce «un incident antisémite d'une violence inouïe qui montre une fois encore qu'il ne faut plus aujourd'hui être juif pour être victime de l'antisémitisme.» «Nous sommes confiants dans le fait que les responsables de la Commission européenne prendront, à l'issue de l'enquête qu'ils mèneront, les mesures adaptées à la gravité des faits, et que l'auteur de l'agression antisémite sera donc licencié pour faute grave. Mais d'ici là, nous leur demandons de suspendre immédiatement l'agresseur de ses fonctions afin de garantir l'intégrité physique et psychologique de la victime, sachant qu'ils partagent le même lieu de travail.»

L'auteur présumé des faits, que nous avons contacté, n'a pas souhaité commenter cet incident. Il nous a confirmé qu'il avait fait l'objet, en décembre 2002, d'une condamnation dans son pays d'origine pour des faits de possession et de distribution d'images pédopornographiques à une peine de 6 mois de prison avec sursis.

MARC METDEPENNINGEN

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