Le home juif ne se sent pas assez en sécurité

L’Heureux Séjour, la maison de retraite située à Saint-Gilles, accueillant plus d’une centaine de résidents de confession juive, ne bénéficierait pas de mesures de sécurité suffisantes de la part des autorités belges. C’est en tout cas ce que les responsables affirment dans la revue Regards. La police ainsi que le cabinet du bourgmestre se veulent malgré tout rassurants. Des patrouilles de police régulières s’effectuent dans le quartier du home.

A Saint-Gilles, l'Heureux Séjour, c'est 150 résidents qui vivent dans la joie et la bonne humeur. Mais ce home présente une particularité. La majorité des pensionnaires sont de confession juive. Chacun avec une histoire propre. Le magazine culturel juif Regards leur a même consacré une double page. Dans son article, la revue parle du bien-être des personnes âgées vivant dans cette maison de retraite. Mais ce qui attire l'attention, c'est le dernier paragraphe de l'article. «Au vu des derniers événements d'actualité et du renforcement des mesures de sécurité aux entrées de toutes les institutions juives de Belgique, on s'étonnera toutefois que l'Heureux Séjour ne soit pas protégé lui aussi par la police ou les militaires», publie le magazine. Il a même pu récolter une petite intervention de l'administrateur-délégué. «Ce n'est pourtant pas faute de l'avoir demandé», raconte-t-il au bimensuel juif.

Cependant, selon certaines sources, il faut toutefois nuancer l'article de Regards. «Nous avons reçu des directives de l'OCAM (Organe de coordination pour l'analyse de la menace). Ce n'est pas nous qui décidons. Il y a eu une réunion avec les autorités juives de Belgique et l'OCAM. Ils ont établi un ranking au niveau de la sécurité. Plusieurs institutions bénéficient d'une sécurité statique. Ce n'est pas le cas du home. Mais cela ne veut pas dire que les gens là-bas ne sont pas protégés. Il y a des passages de la police», apprend-on par ailleurs.

Le bourgmestre rassure

Du côté du cabinet du bourgmestre de Saint-Gilles, Charles Picqué (PS), on se veut rassurant. La maison de retraite n'est pas délaissée par les services de sécurité. «A la rue Wafelaerts, à quelques mètres plus loin, il y a une épicerie casher où il y a tout le temps une voiture de police qui est stationnée. Et derrière le home, est installé le centre social juif où il y a également une présence fixe de militaires. Donc, tout autour, un service de sécurité est bien présent. Les gens de la maison de retraite n'ont pas à avoir peur des représailles. Il y a des patrouilles régulières», estime Olivier Pirotte, chef du cabinet du bourgmestre Charles Picqué.

«Il leur faut une protection 24h sur 24»

L'information publiée par le magazine Regards n'a pas échappé à Joël Rubinfeld, président de la Ligue belge contre l'antisémitisme. «J'ai été très surpris par ce qui était dit dans cette revue. Et cela me fait peur», déclare le président de la Ligue. Ce dernier se dit donc inquiet et souhaite que des mesures rapides soient prises par les autorités, en vue de protéger les pensionnaires du home.

«Vous savez, l'antisémitisme n'a pas de limites. Tous ces gens qui sont partis en Syrie et en Irak et qui sont revenus, peuvent frapper à tout moment. Et malheureusement, le home est une cible potentielle pour eux. Évidemment, en Belgique, je dois dire que nous avons tous nos sites juifs bien sécurisés. Maintenant, en ce qui concerne le home, il faut réévaluer les mesures de sécurité. Ce sont des gens qui vivent là-bas 24h sur 24, il faut donc une protection 24h sur 24», précise-t-il.

MALIK KORATI