«Le responsable doit être jugé»
«Nous voulons que le tribunal statue sereinement sur base des photos et des témoignages dont nous disposons. Nous ne nous contenterons pas d’une transaction.» Joël Rubinfeld, le président de la Ligue Belge Contre l’Antisémitisme (LBCA), entend bien ne pas laisser sombrer dans l’oubli le dossier de l’Anadolu, du nom de ce café de Saint-Nicolas qui avait inscrit sur sa vitrine «L’entrée est autorisée aux chiens mais en aucune façon aux sionistes.» Une phrase qui, écrite également en arabe, s’adressait également aux juifs.
Le parquet de Liège, avisé des faits par la police et le bourgmestre de Saint-Nicolas Jacques Heleven, avait annoncé à l’époque, en juillet dernier, que l’affaire déboucherait sur une transaction ou sur une citation devant le tribunal correctionnel. Mais on ignore actuellement quelle option a été choisie par la justice liégeoise. Pour la LBCA, les choses sont toutefois claires: ce doit être le tribunal.
«C’est un dossier emblématique, continue M. Rubinfeld. On en a parlé partout: en Belgique, mais aussi en Turquie, en Arabie Saoudite, aux Philippines, aux USA. Ce n’est peut-être pas le dossier le plus grave que nous ayons eu à traiter ces derniers mois, mais il traduit une libération de parole de plus en plus dérangeante. Maintenant, les gens n’ont plus peur d’exprimer leur racisme ou leur antisémitisme. Il est donc très important que la justice rétablisse l’état de droit.»
On se souvient pourtant que les habitués de ce café de Saint- Nicolas, à l’origine de cette provocation, niaient tout message antisémite. Ils expliquaient alors leur geste par leur volonté d’attirer l’attention sur la situation à Gaza, où l’armée israélienne était alors en pleine offensive.
Mais cette justification n’a pas convaincu la Ligue Belge Contre l’Antisémitisme: «Ce qu’ils ont écrit est encore pire que ce qu’on trouvait pendant le IIIe Reich. À cette époque, on interdisait certains endroits aux chiens et aux juifs, on considérait le juif comme un animal. À Saint-Nicolas, ils autorisent l’entrée aux chiens. Ils considèrent donc les juifs comme des sous-chiens, c’est gravissime. Nous allons donc demander des comptes en justice au responsable…»