La manifestation pro-Gaza dérape à Bruxelles
Une bande de 200 à 300 casseurs aux visages masqués a provoqué des incidents graves dans le quartier de la Gare centrale, à Bruxelles, alors que se disloquait une manifestation pro-palestinienne qui s’était, jusque-là, déroulée dans le calme. Des jeunes, le visage recouvert de keffieh, sont montés sur des voitures, des vitres ont été brisées, dont celle d’au moins un magasin. Des cris «mort aux juifs» ont été entendus tandis qu’un jeune, désigné comme «juif» par des vociférateurs, se faisait poursuivre. La police a fait fermer la station de métro «Gare centrale».
La manifestation s’était ébranlée vers 14h30 de la place Rouppe. Selon la police, 5000 personnes (25.000 selon des organisateurs) y avaient pris part, scandant des slogans «Solidarité avec Gaza» et «Israël assassin».
Cette manifestation était organisée par une alliance circonstancielle de «citoyens et d’associations» «sensibilisée par les massacres des Palestiniens à Gaza». Au départ de la manifestation, plusieurs participants ont quitté le cortège qui allait s’ébranler alors qu’étaient lancés des «Allah Akhbar» et qu’étaient déclamées des sourates du Coran. «C’est une manifestation politique, il ne peut être question que la religion s’en mêle», disait Mohammed, un sexagénaire bruxellois venu avec deux amis qui ont préféré ne pas défiler.
Dans la foule se distinguaient quelques drapeaux belges, marocains ou algériens de même que ceux du mouvement Vega, de la LCR ou du PTB. La foule était essentiellement composée de femmes, d’enfants et d’hommes issus de l’immigration. Du haut d’une camionnette, le caractère «politique» de la manifestation avait été rappelé par des organisateurs, sans toutefois empêcher que fusent des «Allah Akbar». Le cortège s’était ébranlé en rangs serrés, immense drapeau palestinien en tête, vers le Mont-des-Arts, où un premier incident se produisit. Un drapeau israélien taché de rouge avait été accroché par un manifestant autour du cou de la statue de la reine Élisabeth. Un manifestant y avait mis le feu, vite éteint par le service d’ordre. Ce perturbateur fut délogé du socle de la statue alors qu’il faisait mine de se couper les veines. Une échauffourée, opposant le service d’ordre et quelques perturbateurs (dont l’un brandissant un Coran) s’en suivit.
Une manifestation «ni interdite, ni autorisée»
Le bourgmestre de Bruxelles n’avait «ni interdit, ni autorisé» cette manifestation. Il avait été mis en garde contre des débordements prévisibles par Joël Rubinfeld, le président de la Ligue Belge contre l’Antisémitisme (LBCA). L’affiche appelant à la manifestation représentait en effet un monceau de corps porteurs de keffiehs et de pantalons évoquant ceux des déportés d’Auschwitz. Le départ de la manifestation se situait en outre à quelques mètres d’une synagogue bruxelloise dont le président avait été invité, par la police, a enlever la pancarte de rue signalant le lieu du culte. «Invitera-t-on les juifs à Bruxelles de se débarrasser d’une étoile de David portée au cou», s’indigne le président de la LBCA qui déplore que ses craintes se soient concrétisées.
Vendredi, les représentants en Belgique des cultes juif et musulman avaient solennellement appelé à ne pas importe le conflit israélo-palestinien en Belgique. Ils n’ont pas été entendus.
En France, les policiers antiémeutes et des propalestiniens se sont affrontés à coups de pierres et de gaz lacrymogènes dans les rues de Paris après une tentative de manifestation de soutien aux Palestiniens de Gaza interdite par les autorités françaises. Des manifestants ont ainsi jeté pierres et bouteilles sur les forces de l’ordre dans un quartier du nord de Paris. Les policiers ont répliqué avec des gaz lacrymogènes, provoquant des mouvements de foule disparates dans les petites rues de ce quartier populaire.