M'Bala M'Bala, machine à fric et extrême droite
Le Canard enchaîné a poursuivi cette semaine son enquête sur la fortune cachée de Dieudonné M'Bala M'Bala. Des révélations qui démontrent les arnaques de l'humoriste. Dieudonné n'est pas un rebelle antisystème. Collaborateur de l'extrême droite, il est plutôt à la tête d'une entreprise sectaire qui rapporte gros. Les pigeons de cette affaire? Les propres fans de ce personnage à double visage.
L'humoriste est un homme riche, très riche, en millions d'euros. Dieudonné M'Bala M'Bala possède aussi un patrimoine qui fait de lui un nanti bien loin de l'image d'Epinal qu'il tente de montrer auprès de ses adeptes et autres disciples.
Les étiquettes servent uniquement, ici dans le cas de Dieudonné, à masquer une réalité que le grand public ne doit pas voir. «Si les dénominations ne sont pas correctes, les discours ne sont pas conformes à la réalité, et si les discours ne sont pas conformes à la réalité, les actions entreprises n'atteignent pas leur but», avait, il y a bien longtemps déjà, écrit Confucius.
Le Pen, Faurisson, Soral, Louis...
Dans le cas de figure qui nous intéresse, Dieudonné est présenté par ses zélateurs, tel le journaliste belge «indépendant» Olivier Mukuna, comme un républicain de gauche Des intellectuels néoconservateurs, comme le libéral Joël Kotek du Centre communautaire laïc juif (CCLJ) de Bruxelles, estiment à l'instar de Mukuna que Dieudonné est resté un «homme de gauche», voire carrément est devenu un «islamo-gauchiste».
Or, depuis le milieu des années 2000, l'humoriste s'est politiquement associé à l'extrême droite la plus antirépublicaine et «islamophobe». Jean-Marie Le Pen, le président-fondateur du Front national, est devenu un de ses amis personnels. «J'assume parfaitement ma relation amicale avec Jean-Marie Le Pen [...]. Je garde toute mon estime à Jean-Marie Le Pen. C'est pratiquement le seul homme politique qui m'a soutenu alors que j'étais lynché en place publique», affirme Dieudonné dans une interview publiée dans le numéro de ce mois de Causeur, un journal néoconservateur français.
D'autres leaders de l'extrême droite raciste et anti-Islam, comme Serge Ayoub par exemple, font encore partie des fréquentations intimes de Dieudonné. En Belgique, Ayoub est lié au mouvement Nation, d'obédience national-solidariste et identitaire, qui était devenu de 2010 à 2012 le partenaire de l'un des FN belges. Autre fréquentation de «Dieudo»: le négateur-nazi Robert Faurisson, dont l'objectif est de participer à la réhabilitation du Troisième Reich d'Adolf Hitler.
Le dimanche 26 janvier dernier, les «dieudonnistes» - menés par le «national-socialiste français» (sic) Alain Soral (le mentor idéologique de M'Bala M'Bala) - manifestaient dans les rues de Paris avec l'ensemble des groupuscules néonazis, racistes, islamophobes et antisémites que peut encore rassembler la «France haineuse». En Belgique, la «galaxie Dieudonné-Soral» collabore désormais avec le député fédéral Laurent Louis exclu pour racisme, après son élection en 2010, par sa formation politique de l'époque, le très à droite Parti populaire de l'avocat d'affaires Mischaël Modrikamen.
Machine à faire du fric
Comme hier Le Pen, M'Bala M'Bala se présente comme le leader antisystème number one, notamment avec son salut de reconnaissance, «la quenelle». La «marque Dieudonné» a bien évidemment une dénomination antisystème qui ne correspond pas à la réalité.
En effet, l'humoriste en question profite à fond, dans un but non pas politique mais bien d'enrichissement personnel, de la machine à faire du fric dans une relation commerciale liée à la théorie économique de l'offre et de la demande.
Force est de constater que Dieudonné – comme plusieurs de ses soutiens dans le monde du football et du show-biz – récolte de véritables intérêts du système capitaliste. Il n'est pas plus contre ce système que Manuel Valls, le ministre français de l'Intérieur devenu son meilleur ennemi, est de gauche.
Consumérisme aiguë et dérive sectaire
L'enquête actuelle du Canard enchaîné révèle que grâce à son business, M'Bala M'Bala est devenu un homme riche. Plus de 600.000 euros et 15.000 dollars avaient déjà été retrouvés chez lui. Plus de 450.000 autres euros furent auparavant transférés au Cameroun, le pays de son père. En plus de cela, Dieudonné possède un domaine digne des plus grosses fortunes de France: «une propriété à Mesnil-Simon de 1,2 hectare de terrain, avec tennis, piscine et quatre bâtiments en sus de sa belle maison principale de pierre», rappelle l'hebdo français d'investigation.
Ce «grand propriétaire terrien», dixit le Canard, est en plus atteint de consumérisme aiguë. Ses achats compulsifs de produits de luxe sont réguliers. Les plus récents: un quad Polaris (à plus de 10.000 euros), une péniche de plaisance (à 68.000 euros), un break Mercedes (à plus de 20.000 euros), etc etc.
Malgré son état de fortune et sa bonne santé financière, Dieudonné va continuer a mendier de l'argent à ses fans pour faire face à l'offensive judiciaire, dont il est la «victime» suite à des discours volontaires qui incitent ouvertement à la haine raciste. Crédules parce que fanatisés, les disciples du pseudo rebelle vont ensuite se saigner pour verser leur contribution financière à «la cause». A n'en plus douter, il y a arnaque sous roche.
Dieudonné est bel et bien le gourou d'une secte politico-haineuse. Avec au programme: endoctrinement de ses adeptes, construction d'une vision apocalyptique pour expliquer le monde dans lequel nous vivons, désignation de multiples ennemis extérieurs (le pouvoir, les sionistes, les juifs, les francs-maçons, les médias...) pour dévier les croyants des véritables enjeux politiques et des alternatives possibles aux problèmes, croyance absolue dans les prêches tenus par le prédicateur et captation d'argent des fidèles de la secte.
C'est de la même façon qu'agissent, depuis belle lurette, les Témoins de Jéhova, ladite «Église de scientologie», les Hare Krishna et autres sectes des Temps modernes.
Manuel Abramowicz avec Le Canard enchaîné