Licencié à cause de son profil Facebook !
Une décision saluée par Joël Rubinfeld, de la Ligue belge contre l’antisémitisme
Un chauffeur bruxellois d'un sous-traitant d'un groupe de grande distribution a été licencié, mercredi, pour avoir posté sur son mur Facebook un montage reprenant le terrible slogan «Un bon Juif est un Juif mort» en cours sous le IIIe Reich.
Le groupe a immédiatement retiré au chauffeur son badge d'accès aux dépôts. Du coup, l'entreprise sous-traitante de transport a signifié verbalement à l'intéressé qu'il était licencié. Et quand le chauffeur a demandé des explications, le chef du personnel lui a répondu: «Facebook».
À la Ligue belge contre l'antisémitisme, Joël Rubinfeld salue la décision de l'entreprise.
Le chauffeur s'appelle Rachid El Khattouti et nous lui avons parlé. Ce qu'il ne comprend pas, c'est la raison pour laquelle il serait dans son tort puisqu'il n'a fait dit-il, qu'un copier-coller d'une image reprenant ce slogan que Google n'a pas bloquée.
À quoi Joël Rubinfeld répond: «Google applique la législation américaine qui n'est pas la législation belge. La législation américaine s'appuie sur le Premier Amendement sur le Freedom of Speech, et la législation belge sur la loi Moureaux du 30 juillet 1981. Reprendre à son compte des discours de haine et d'incitation au meurtre qui avaient cours dans l'Allemagne nazie tombe évidemment sous le coup de la loi contre le racisme et la xénophobie.»
El Khattouti a 32 ans. Hier matin, cet homme marié et père de deux enfants nous montre son profil Facebook sur lequel figurent aussi d'autres posts. Comme la photo-montage d'un cochon coiffé d'un képi censé représenter un policier de Molenbeek. La caricature d'une femme voilée ainsi légendée: «Mon mari est un bon musulman, il ne me frappe jamais au visage.» Des soutiens à Belkacem et Sharia4Belgium, et par deux fois aussi: «Qu'Allah maudisse les Juifs», tout ça sur son profil public.
El Khattouti nous montre aussi la charte qu'il a dû signer, comme tous les chauffeurs, et dont le dernier point précise: «Il est interdit d'exprimer de quelque manière que ce soit ses opinions politiques, de faire de la discrimination […] durant ses heures de service.»
Pour El Khattouti , ses employeurs ne se sont pas intéressés à son Facebook «comme ça, par hasard»: il a forcément été «signalé» par un «ami». El Khattouti avance aussi les arguments: «J'ai des amis juifs» et celui de l'humour que connaît Joël Rubinfeld: «Oui, c'est aussi l'artifice de langage qu'utilise Dieudonné pour s'octroyer le droit d'exprimer un antisémitisme virulent.»
Mercredi matin, M. El Khattouti conduisait son Volvo. À 13h, il remettait les clés. Il a rendez-vous le 10 mars avec un avocat pour contester le licenciement qu'il juge «abusif».
GILBERT DUPONT