La discrimination et les crimes de haine contre les Juifs des Etats membres de l'Union européenne
Introduction
Le 8 novembre 2013, à la veille du 75e anniversaire de la Nuit de Cristal, l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA) a rendu publique une étude sur «la discrimination et les crimes de haine contre les Juifs dans les États membres de l’Union européenne». Les résultats de cette enquête s'appuient sur les réponses de 5.847 citoyens européens de confession juive issus de huit pays accueillant les plus grandes communautés juives d'Europe (Allemagne, Belgique, France, Hongrie, Italie, Lettonie, Royaume-Uni, Suède).
Rapport
Les conclusions préoccupantes de cette étude mettent en lumière le profond malaise qui existe au sein des différentes communautés juives d'Europe. Un constat qui ressort également de la lecture de ce rapport fait apparaître que la Belgique fait partie des pays où les problèmes sont les plus manifestes. En effet, si 76% des personnes qui se sont prononcées déclarent que «le problème se pose avec plus d'acuité et que l'antisémitisme a augmenté dans le pays où ils vivent depuis les cinq dernières années», ce chiffre est de 88% pour la Belgique, en troisième position derrière la Hongrie et la France.
L'étude révèle également que, en Belgique, 28% des personnes interrogées ont été la cible «d'insultes verbales, de harcèlement et/ou d'attaques physiques pour le simple fait d'être juif, au cours de ces douze derniers mois» et 41% envisagent «d'émigrer du pays parce qu'ils ne se sentent plus en sécurité ici en tant que juif».
Tous ces éléments démontrent que l'antisémitisme est une menace persistante et croissante dans l'Europe qui s'est bâtie sur une promesse: «Plus jamais ça!». Il revient maintenant aux responsables politiques, tant au niveau national qu'européen, de prendre la mesure du problème et de mener un combat résolu contre un fléau qui, s'ils touche en premier lieu les Juifs, met également en péril les valeurs démocratiques qui définissent notre société. Pour ce faire, il importe de renforcer l'arsenal législatif mais aussi d'appliquer les lois contre le racisme et l'antisémitisme qui sont déjà en vigueur dans la plupart des pays européens.
La FRA insiste enfin sur le besoin de professionnaliser la collecte d'informations, notant que, d'une part, «seule une petite partie des victimes» d'actes antisémites «ont rapporté ces crimes à une quelconque organisation» et que, d'autre part, «seuls 13 des 28 États membres collectent des données officielles sur les incidents antisémites rapportés à la police ou traités par les tribunaux».