Grand Angle sur le député antisémite Laurent Louis

Joël Rubinfeld |


Introduction

Élu le 13 juin 2010 à la Chambre des représentants, le député belge Laurent Louis s'est depuis fait remarquer par ses harangues antisémites, racistes, antisionistes et conspirationnistes. Outre son obsession de la «question juive», c'est probablement son exploitation de l'affaire Dutroux qui aura fait couler le plus d'encre à son sujet, en particulier lorsqu'il divulgue les photos insoutenables de l'autopsie de deux victimes de Marc Dutroux, Julie et Mélissa, lors d'une conférence de presse.

Qualifié d'«accident de la démocratie» par le président de la Chambre, Laurent Louis aura en tout cas effectué de nombreuses sorties de route au long d'un parcours politique particulièrement chaotique, jalonné par six formations politiques différentes en quatre ans.

Timeline politique

1998
Adhère au Mouvement Réformateur (MR)
2009
Devient président des jeunes MR de Nivelles
2010
Quitte le MR en février pour rejoindre les rangs du Parti Populaire (PP)
Élu député fédéral à la Chambre des représentants lors des élections législatives du 13 juin malgré un maigre score personnel (1.345 voix de préférence) mais bénéficiant du système de l'apparentement
2011
Exclu du PP en janvier pour ses propos racistes sur les Roms et des accusations de harcèlement sur son assistante parlementaire
Devient député indépendant en février et fonde le Mouvement Libéral Démocrate (MLD)
2012
Renie le libéralisme et rebaptise en janvier son parti en Mouvement pour la Liberté et la Démocratie
Désaveu aux élections communales de novembre avec un score inférieur à 2% à Nivelles
2013
Dissout le MLD en janvier
Entame en mars un rapprochement avec le parti Islam qui a pour ambition d'instaurer la charia en Belgique
Officialise en mars sa collaboration avec le Parti Anti Sioniste français
Rallie Islam en octobre et se proclame président du parti islamiste dans la foulée, avant de s'en faire exclure quelques jours plus tard
Fonde en novembre le parti Debout les Belges qui puise son idéologie aux sources de l'extrême-droite et de l'islamo-gauchisme

De l'antisionisme à l'antisémitisme

FRA

Laurent Louis est coutumier des déclarations incendiaires. Sa première saillie raciste remonte au mois d'août 2010 lorsque, fraîchement élu député fédéral sous les couleurs du PP, il s'en prend aux Roms sur sa page Facebook en ces termes: «Ces gens occupent des terrains illégalement, ne travaillent pas, n’ont aucune ressource financière et on voudrait nous faire croire qu’ils vivent d’amour et d’eau fraîche. Il est évident qu’ils doivent voler ou faire du trafic pour subsister». En mai 2011, siégeant désormais en tant que député indépendant suite à son exclusion du PP quelques mois plus tôt, c'est cette fois sur Twitter que Laurent Louis s'illustre en prônant l'instauration d'«un permis pour avoir des enfants», flirtant ainsi dangereusement avec les thèses eugénistes.

Il faudra attendre octobre 2011 pour assister au coming out du député s'agissant des Juifs et d'Israël, lorsque celui-ci poste sur son compte Twitter une série de messages suite à un communiqué de presse du PP saluant la libération de l'otage franco-israélien Gilad Shalit. En substance, Laurent Louis écrit que le Parti Populaire «devrait changer de nom! Pourquoi pas PJB pour parti juif de Belgique???». Il ajoute ensuite qu'«Israël est un pays terroriste qui impose sa loi comme le faisaient les nazis en 40». Plus tard dans la journée, toujours sur le site de microblogging, il confirmera ses propos qui ont entretemps suscité l'indignation: «Oui je l'affirme haut et fort: Israël est un Etat qui pratique une politique nazie».

Suite à cela, le Centre pour l’Egalité des Chances et de la Lutte contre le Racisme déposera une plainte auprès du Parquet de Nivelles à l’encontre du député, lui reprochant «des prises de position répétées pouvant constituer ‘des incitations à la haine’ raciale et à la discrimination»1, et soulignant «‘l’accumulation’ de déclarations de Laurent Louis à l’encontre de groupes ethniques ou religieux».2

Il est temps que les sionistes cessent de profiter de la Shoah pour faire passer leurs idées. Les Palestiniens sont aujourd'hui les Juifs de 1940 et le gouvernement de Benyamin Netanyahou n'a rien à envier à l'Allemagne nazie.

Cela n'empêchera pas le député de continuer à avancer sur la pente glissante de l'antisionisme. Ainsi, en octobre 2012, il lance la charge contre les «Israéliens dont le gouvernement pratique une politique nazie et inhumaine». En mars 2013, à l'occasion de la visite du président israélien Shimon Peres en Belgique, il dénonce en session parlementaire l'État juif qui «pratique une politique nazie» et soutient ne voir «aucune différence entre les ghettos de Varsovie et ceux qui existent actuellement à Gaza et en Cisjordanie»3. Quelques jours plus tard, il déclare qu'«il est temps que les sionistes cessent de profiter de la Shoah pour faire passer leurs idées. La position d'éternelle victime n'est plus acceptable aujourd'hui et elle l'est encore moins quand on voit la politique que mène le gouvernement israélien. Les Palestiniens sont aujourd'hui les Juifs de 1940 et le gouvernement de Benyamin Netanyahou n'a rien à envier à l'Allemagne nazie». Et en octobre de la même année, il claironne à la tribune du Parlement qu'«Israël pratique à l'égard des Palestiniens une politique nazie»4.

Au fil de ses déclarations et messages sur les réseaux sociaux, on remarque que l'antisionisme revendiqué du député peine de plus en plus à dissimuler un inavouable antisémitisme.

Le sionisme est responsable du 11 septembre à New York où il sacrifia des milliers de vie pour permettre l’invasion de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Libye afin de mettre la main sur les richesses de ces pays.

Une illustration de ce constat se trouve dans l'interview donnée à La Voix de la Russie en avril 2013, laquelle met en lumière la pensée intrinsèquement antisémite du député lorsque celui-ci s'essaye à motiver les raisons de son antisionisme: «Je suis antisioniste car je m’oppose à la manipulation internationale. Comment ne pas être antisioniste quand on voit les réalisations sionistes? Le sionisme est responsable du meurtre de milliers de résistants palestiniens. Il est responsable de la dégradation de notre qualité de vie par le biais de cette crise économique inventée pour permettre à nos dirigeants de restreindre nos avantages sociaux. Mais le sionisme est également responsable du 11 septembre à New York où il sacrifia des milliers de vie pour permettre l’invasion de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Libye afin de faire disparaître des opposants gênants mais aussi et surtout pour mettre la main sur les richesses de ces pays».5

La presse subventionnée appartient aux sionistes. Le lobby juif est très important et il dirige malheureusement l'information et la presse.

Comme tout antisémite digne de ce nom, le député ne manquera pas de reprendre à son compte le poncif de la mainmise fantasmée des Juifs sur les médias. En avril 2013, il s'attaque sur son mur Facebook aux «sionistes de Bruxelles [qui] lancent leur campagne de désinformation en vue des élections de 2014!» et dénonce «les procédés utilisés par la presse subventionnée (qui appartient aux sionistes) pour nous désinformer». Parfois, il ne s'embarrassera plus de cette précaution oratoire qu'est la substitution du mot «juif» par «sioniste». Ainsi, dans une interview accordée en juin de la même année au site «La Taverne des Pirates» - qui sert notamment de tribune aux négationnistes français Robert Faurisson et Vincent Reynouard -, un Laurent Louis bafouillant déclare: «Le lobby juif est très important et il est contre moi, ça c'est certain. Comme il dirige malheureusement l'information et la presse... pas toujours des articles très élogieux à mon encontre».6

En juin 2013, à l'invitation d'Ahmed Moualek, président de l'association «La banlieue s'exprime», Laurent Louis se rend à Lille en qualité de «député résistant antisioniste» pour y donner une conférence sur le thème «Combattre les manipulations». Face à un public acquis à la cause antisioniste, le député belge entame la soirée en se lamentant sur son propre sort: «Je ne suis pas soutenu par des lobbies, je ne suis pas franc-maçon, je ne suis pas juif. Et donc forcément, forcément, on est un peu seul dans ce cas-là, et donc on ne fait pas partie de cette secte»7. Il se livre ensuite à une analyse géopolitique particulièrement confuse de la région des Grands Lacs, pour expliquer que «le vol de toutes les richesses naturelles» du Congo serait orchestré par ses compatriotes juifs: «À qui profite les richesses naturelles du Katanga aujourd'hui? À Anvers! Et qui est à Anvers? Les diamantaires! Et les diamantaires, à ce que je sache, ils sont assez...»8. C'est à ce moment précis qu'Ahmed Moualek interrompra son invité qui, après une courte hésitation, opte pour le vocable «sionistes» là où tout le monde aura compris qu'il pense «juifs». Manifestement, le député Louis semble avoir de plus en plus difficile à s'astreindre à l'usage du novlangue des crypto-antisémites.

Si vous voulez plus de droits et un avenir de meilleure qualité, il est primordial d'éradiquer le sionisme. Toutes les grandes familles qui dirigent le monde, comme les Rothschild, sont sionistes, ne l'oublions pas!

FRA

Mais l'illustration paroxystique de ce basculement entre l'antisionisme radical et un antisémitisme irrépressible provient d'un message posté par Laurent Louis sur son mur Facebook en août 2013. La violence des propos qui suivent et qui n'ont rien à envier aux discours enflammés de Léon Degrelle dans les années 1930, évoque immanquablement un appel au génocide: «Le sionisme nous opprime. Le sionisme, c'est la soumission des pauvres et des travailleurs et l'omnipotence des banques et des finances. Le sionisme, c'est la défense de la finance au détriment de l'humain. C'est le capitalisme à outrance. Si vous voulez plus de droits et un avenir de meilleure qualité, il est primordial d'éradiquer le sionisme». Et pour ceux qui nourriraient encore quelques doutes sur le sens de cette «éradication», le député précise sa pensée: «Il est faux de limiter cette lutte contre le sionisme au dossier israélo-palestinien, le sionisme est bien plus large que cela. Si vous avez aujourd'hui moins d'argent en poche, c'est à cause du sionisme. Aujourd'hui, c'est l'argent qui dirige le monde. Et il appartient à qui cet argent? Aux sionistes bien entendu. Toutes les grandes familles qui dirigent le monde, comme les Rothschild, sont sionistes, ne l'oublions pas!».

À l’instar du Volksführer wallon Léon Degrelle, le député Louis est devenu «un champion de l'antisémitisme le plus sournois, le plus nocif, celui qui se donne des allures rationnelles, à savoir l'antisémitisme économique»9. Et «se cacher derrière la différence entre antisionisme et antisémitisme pour prévenir toute accusation ne fait qu'aggraver son cas»10, comme l'a pertinemment souligné l'essayiste et blogueur Marcel Sel.

La tentation négationniste

Outre ses déclarations virulemment antisémites qui tombent sous le coup de la loi contre le racisme et la xénophobie de 1981, l'analogie récurrente exprimée par Laurent Louis entre l'État juif et le régime nazi peut se comprendre comme une minimisation des crimes nazis – puisqu’il est de toute évidence impossible de reprocher à Israël un quelconque génocide des Palestiniens, a fortiori comparable à la Shoah – et constituerait dès lors une infraction à la loi du 23 mars 1995 contre le négationnisme.

Les sionistes ont financé Hitler et créé la seconde guerre mondiale pour arriver à la réalisation de leur projet, la création de l’Etat d’Israël.

FRA

En septembre 2013, le député ne s'embarrassera plus du détour de l'analogie lorsqu'il promeut sur son mur Facebook la vidéo d'une conférence d'Eustace Mullins, révisionniste américain dont la bibliographie est essentiellement consacrée aux thèses conspirationnistes que l'on retrouve dans le livre de chevet d'Adolf Hitler, à savoir Les Protocoles des Sages de Sion. Dans cette vidéo, Mullins explique entre autres que le nazisme est le fruit d'une alliance secrète scellée en 1923 entre Adolf Hitler et le «parti sioniste mondial» ou que «les camps de concentration étaient dirigés par les juifs sionistes qui avaient pour ordre de punir et de se débarrasser des juifs anti-sionistes». Ne se contentant pas de relayer les thèses pénalement répréhensibles du révisionniste américain, Laurent Louis agrémente la vidéo d'un commentaire personnel: «Regardez comment les sionistes ont financé Hitler et créé la seconde guerre mondiale pour arriver à la réalisation de leur projet, la création de l’Etat d’Israël. Pas étonnant qu’aujourd’hui Israël pratique une politique nazie en Palestine». Puis il conclut: «Voilà comment les sionistes sont devenus les maîtres du monde!».

Chaud ananas, sho, sho sho ananas... Ce matin, je me suis régalé. J’ai pris une bonne tasse de chocolat chaud avec de l’ananas grillé au four.

FRA

En octobre 2013, suite aux déboires judiciaires de Dieudonné M'Bala M'Bala - condamné ces dernières années à sept reprises par les tribunaux français pour incitation à la haine raciale et injures antisémites -, Laurent Louis clame sur son mur Facebook son «soutien total à mon ami Dieudonné!» et ponctue son message en entonnant l'hymne créé par l'antisémite multi-récidiviste français pour railler la mémoire des six millions de victimes juives de la barbarie nazie: «Allez pour Dieudo, on reprend tous en choeur: ‘chaud ananas, sho, sho sho ananas...’». Il s'enlisera dans le registre de l'abjection deux mois plus tard, en postant ce message sur son mur Facebook: «Ce matin, je me suis régalé. J’ai pris une bonne tasse de chocolat chaud avec de l’ananas grillé au four. Certains y verront un acte antisémite mais c'est tout simplement un plat que j'adore...».

Pour indemniser les Juifs, là Manuel Valls est le premier. C'est vrai, il paraît que des millions de Juifs on été assassinés durant la Seconde Guerre mondiale.

Jusqu'il y a peu, le député Louis se contentait de la jouer en billard à trois bandes en se faisant le relais servile et complice des thèses négationnistes auprès de son public – ce qui revient à peu près à la même chose que de soutenir lui-même des thèses négationnistes. Mais le 9 janvier dernier, venant à la rescousse de son maître à penser Dieudonné M'Bala M'Bala, la tentation de franchir personnellement le Rubicon se précise lorsque, dans son adresse au ministre de l'Intérieur français Manuel Valls, il assène: «Il paraît que des millions de Juifs on été assassinés durant la Seconde Guerre mondiale»11, avant de s'empresser d'ajouter un «c'est triste... c'est triste, c'est certain, on n'en disconvient pas» dont la sincérité aura bien du mal à convaincre.

Une semaine plus tard, le 16 janvier, Laurent Louis confirme sa sympathie pour les thèses négationnistes lors d'une session parlementaire. Il commence avec une tirade antisémite: «Depuis dix ans, Dieudonné est persécuté pour oser tourner en ironie une idéologie bien pire que le nazisme: le sionisme, dont les enseignements se trouvent dans le Talmud, un livre qui compare les non Juifs à des singes, qui autorise le viol des enfants non juifs et le vol des non Juifs»12. Il suggère ensuite que la Shoah n’est qu’une rumeur et stigmatise la pénalisation du négationnisme: «La Shoah, six millions de morts, paraît-il. Un des seuls faits historiques qu'on ne peut remettre en question»13. Il poursuit en prenant pour cible les «Goldman Sachs, les Rothschild, l'usure et [les] guerres néo-coloniales dont le seul but est le pillage des ressources naturelles»14 et «cette Shoah mise en oeuvre et financée par, rappelons-le, les pionniers du sionisme»15. Or en soutenant que la responsabilité de la Shoah incombe aux «pionniers du sionisme», Laurent Louis tend à disculper les nazis et, ainsi, «nie, minimise grossièrement, cherche à justifier ou approuve le génocide commis par le régime national-socialiste allemand pendant la Seconde Guerre mondiale», ce qui caractérise l’infraction de négationnisme. Il conclut son prêche aux relents putrides en effectuant, du haut de la tribune du Parlement, le salut nazi inversé qu'est la «quenelle».

Le sectateur des théories conspirationnistes

Les affinités électives de Laurent Louis ne se limitent pas aux antisémites et négationnistes notoires. Il fait également preuve d'un appétit insatiable pour les théories conspirationnistes. Et les attentats du 11 septembre sont bien évidemment une cible de choix pour le député qui écrit sur son mur Facebook, en février 2013, que «ce ne sont pas des islamistes qui ont agi le 11 septembre mais des hommes de main de l'empire américano-sioniste!» et que «nous ne pouvons plus accepter ce monde du mensonge organisé où nos dirigeants sans foi ni loi créent des attentats comme ceux de New-York, de Londres, de Madrid».

FRA

Deux mois plus tard, il qualifiera, toujours sur son mur Facebook, les attentats du marathon de Boston perpétrés par les frères Tsarnaïev de «beau coup médiatique des sionistes!» ayant pour objectif de «stigmatiser la Russie et les Musulmans». Faisant ensuite référence au terroriste islamiste franco-algérien Mohammed Merah - qui, en mars 2012, a assassiné trois enfants et le père de deux d'entre eux à l'école juive Ozar Hatorah ainsi que trois militaires à Toulouse et Montauban -, le député ajoute: «Les frères Tsarnaïev, ça me fait penser au cas de Mohamed Merah, ce jeune pion utilisé par Sarkozy pour créer un vent de panique en France et assurer sa ré-élection... Ah, que de manipulations!!!».

Le sida a été créé par un scientifique juif-polonais, avec la bénédiction de la Belgique et des USA.

En janvier 2013, sur son mur Facebook, il accuse un scientifique juif d'être à l'origine du virus du Sida et de sa propagation sur le continent africain: «Ce reportage est accablant. On y apprend que le sida a été créé par l'homme au Congo-Belge avec la bénédiction de la Belgique et des USA grâce aux expériences d'Hilary Koprowski, scientifique juif-polonais». Deux mois plus tard, il réitère cette accusation à la tribune du Parlement, expurgée cette fois de sa composante antisémite: «On oublie de dire que nous avons également apporté le Sida lorsque nous avons utilisé le peuple congolais comme des cobayes pour réaliser nos vaccins contre la polio».16

Dans une interview donnée en juin 2013 au journal en ligne Algérie Patriotique, c'est encore aux autorités belges qu'il s'en prend. À la question de savoir si «Sharia4Belgium et ces groupes djihadistes intégristes sont manipulés par les services belges?», le député répond du tac au tac: «Bien sûr! J’en suis persuadé parce que ces gens sont tellement des caricatures de l’islam, alors que l’islam prône la paix, la tolérance, l’amour»17. Toujours selon lui, le pouvoir est à la manoeuvre pour exacerber le racisme à l'égard des musulmans: «Des groupes comme Sharia4Belgium sont des institutions créées de toutes pièces par des responsables du pays pour créer cette atmosphère d’islamophobie que nous vivons aujourd’hui».18

Le projet sioniste existe bel et bien, les sionistes dirigent le monde à travers la finance, et il est très important pour eux de véhiculer cette haine de l’islam.

C'est à nouveau dans Algérie Patriotique que, en janvier 2014, Laurent Louis précise sa pensée concernant ceux qui tireraient les ficelles de ce complot anti-musulman: «La montée de l’islamophobie est tout simplement favorisée par ceux qui nous dirigent et qui eux-mêmes sont les metteurs en scène du projet des sionistes. C’est évident. Le projet sioniste existe bel et bien, les sionistes dirigent le monde à travers la finance, et il est très important pour eux de véhiculer cette haine de l’islam».19

Ceux qui dirigent notre pays, ils ne font pas partie de notre gouvernement, ils font partie du groupe Bilderberg, des lobbys financiers, des lobbys sionistes, ou plus globalement de la franc-maçonnerie.

En décembre 2013, lors du meeting électoral de son dernier parti en date, Debout les Belges, c'est au Premier ministre Elio Di Rupo qu'il s'attaque et au gouvernement belge qui ne serait qu'un régime fantoche répondant aux ordres d'un obscur pouvoir judéo-bilderbergo-maçonnique: «Elio et ses amis, ce ne sont que des marionnettes, des clowns. Ceux qui dirigent notre pays, ils ne font pas partie de notre gouvernement, ils font partie du groupe Bilderberg, des lobbys financiers, des lobbys sionistes, ou plus globalement de la franc-maçonnerie».20

Conclusion

En chaque être humain cohabite un résistant et un collabo, un dreyfusard et un anti-dreyfusard, le Bien et le Mal. Tout est question du bouton sur lequel on appuie pour réveiller le Zola ou le Drumont qui sommeille en nous. Laurent Louis a résolument opté pour le second choix, s'acharnant à presser les poussoirs de la haine comme sur un buzzer et titiller ce qu'il y a de plus vil dans les tréfonds de l'âme humaine. Il a fait des théories conspirationnistes et de l'antisionisme, cache-sexe de son antisémitisme viscéral, ses chevaux de bataille et son fonds de commerce électoral qu'il veut croire juteux. C'est sur ce programme que le député ès turpitudes table pour engranger les dividendes lors du prochain rendez-vous électoral, le 25 mai 2014.

L'État de droit qu'est la Belgique peut-il prendre le risque, fût-il minime, de voir ce personnage être reconduit dans ses fonctions? Quid de l'attitude des institutions du Royaume, en particulier le Parlement où siège le député, à son encontre? Certes, l'immunité parlementaire de ce dernier a été levée en décembre 201321, après qu'il ait à plusieurs reprises qualifié le Premier ministre de «pédophile» mais aussi pour des faits de calomnie et le recel de pièces issues du dossier Dutroux. Ce qui reste incompréhensible, c'est que les faits d'antisémitisme et d'incitation à la haine n'aient pas été inclus dans le champ de la levée d'immunité, en dépit des plaintes déposées contre le député ces deux dernières années et qui, jusqu'ici, se sont toutes heurtées au mur de l'immunité parlementaire. Il s'agit là d'une erreur politique et d'une faute morale.

Car ne nous y trompons pas, le caractère ridicule et parodique de ce Degrelle de pacotille n'enlève rien au danger potentiel que ce dernier représente dans le climat actuel de la libération de la parole antisémite. En témoigne le nombre de vues de ses vidéos sur YouTube qui, si elles plafonnaient à 5.000 pour celles enregistrées au début de son mandat, se chiffrent désormais en centaines de milliers depuis que le député s'abandonne sans réserve à l'expression de sa haine pathologique des Juifs. À ce jour, sa «réponse à Manuel Valls», postée il y a trois semaines sur son compte YouTube et dans laquelle il verbalise sa tentation négationniste, comptabilise 600.000 vues! La mise en perspective de ces deux chiffres atteste de ce que la parole antisémite est redevenue le meilleur passeport pour la notoriété et la visibilité médiatique, toute alternative soit-elle. Ces chiffres font froid dans le dos et appellent une réaction immédiate et déterminée de la part des autorités du pays, en gardant bien à l'esprit ce que disait l'écrivain Max Frisch: «Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles»...

^ [1] Marc Metdepenningen, «Une plainte du Centre pour l’Egalité des Chances contre le député Laurent Louis», Le Soir, 9 novembre 2011
^ [2] Ibid.
^ [3] «Plaidoyer du député belge Laurent Louis contre la politique d'Israël et le sionisme», Chaîne YouTube de Laurent Louis, 7 mars 2013
^ [4] «Racisme: le député Laurent Louis invite Dieudonné, Kémi Seba et Alain Soral au Parlement!», Chaîne YouTube de Laurent Louis, 24 octobre 2013
^ [5] «Laurent Louis-allié de l'Islam? Putschiste au Congo?», La Voix de la Russie, 16 avril 2013
^ [6] «Entretien avec Laurent Louis, député belge antisioniste», La Taverne des Pirates, 8 juin 2013
^ [7] «Combattre les manipulations politico-médiatiques», YouTube, 22 juin 2013
^ [8] Ibid.
^ [9] Giovanni F. di Muro, «Léon Degrelle et l'aventure rexiste (1927-1940)», Éditions Luc Pire, 2005
^ [10] Marcel Sel, «Exclu: Un député belge minimise la Shoah», 8 septembre 2013
^ [11] «Dieudonné: le député belge Laurent Louis répond à Manuel Valls», Chaîne YouTube de Laurent Louis, 9 janvier 2014
^ [12] «Liberté d'expression: Laurent Louis soutient Dieudonné et «quenellise» le Parlement!», Chaîne YouTube de Laurent Louis, 16 janvier 2014
^ [13] Ibid.
^ [14] Ibid.
^ [15] Ibid.
^ [16] Le "J'accuse" du député Laurent Louis qui dénonce les mensonges des politiciens!», Chaîne YouTube de Laurent Louis, 8 mars 2013
^ [17] «Le député belge Laurent Louis à Algeriepatriotique: ‘Les salafistes sont manipulés par nos services secrets’», Algérie Patriotique, 15 juin 2013
^ [18] Ibid.
^ [19] «Le député belge Laurent Louis à Algeriepatriotique: ‘L’Europe est dirigée par des criminels et des voyous’», Algérie Patriotique, 5 janvier 2014
^ [20] «Discours de Laurent Louis - 1er Meeting de Debout Les Belges!», Chaîne YouTube de Laurent Louis, 8 décembre 2013
^ [21] «La Chambre lève l'immunité de Laurent Louis», La Libre, 12 décembre 2013


Dossier exclusif LBCA réalisé par Joël Rubinfeld, président de la Ligue Belge contre l'Antisémitisme.
Ce document peut être repris en partie ou dans son intégralité pour autant que la source LBCA - Ligue Belge contre l'Antisémitisme soit clairement mentionnée ainsi que le lien internet www.lbca.be.